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qu’un bien bel avenir est réservé à nos enfants et que nous devons en être bien aises, que Dieu n’est pas sans doute, mais qu’il est en train de se faire. — La preuve de tout cela ? demanderez-vous. Mais c’est de la métaphysique, répondra M. T. ; qu’a-t-on besoin de preuves en métaphysique ? N’est-il pas entendu que la métaphysique n’est qu’un tissu de rêves et d’hypothèses ? N’essayez pas de dire le contraire à M. T. : il vous appellerait homme du passé ; il n’a pas lu Aristote, ni Platon, ni Leibniz, mais il sait que ces hommes n’étaient et ne pouvaient être que des rêveurs. Il a fait comme eux, et il nous donne ses rêves dans un style convenable, d’ailleurs, et parfois même intéressant, quand il est question d’autre chose que de métaphysique. En deux mots et sans raillerie, ce petit volume est un document qui montre bien l’état d’esprit de beaucoup d’hommes cultivés et non sans valeur, nos contemporains, qui acceptent les yeux fermés tout ce qui leur est donné sous le couvert de la Science, avec le même fétichique respect qu’ont les pèlerins de la Mecque pour le tombeau du Prophète.

G. Fonsegrive.

Essai de métaphysique. In-12, 76 p.. Alger, 1887.

Cette petite brochure sans nom d’auteur nous apprend qu’il y a dans l’homme trois substances : le corps, la sensitive et l’âme. La substance est un mouvement, parce que le mouvement est ce dont l’essence est de produire des phénomènes. — On nous dispensera de nous étendre sur cet Essai. L’auteur a cru de bonne foi que la métaphysique était un tissu de rêves et de fantaisies, mêlés de quelques observations et de beaucoup de définitions arbitraires. C’est pour cela sans doute qu’il a donné à sa brochure le titre de Métaphysique.

G. F.

Ferdinand Tonnies. Gemeinschaft und Gesellschaft. Abhandlung des Communismus und des Socialismus als empirischer Culturformen. Leipzig, 1887. xxx-294.

Quoique cet ouvrage soit avant tout une étude de science sociale, des vues de nature très diverse y sont intimement mêlées. En même temps que toute une sociologie on y trouvera toute une philosophie et toute une psychologie. Schopenhauer, Karl Marx, Kant, Sumner Maine, les évolutionnistes inspirent tour à tour ou simultanément l’auteur. Une synthèse aussi éclectique rend naturellement très laborieuse la lecture de ce livre, et c’est dommage ; car on y trouve des idées intéressantes que nous allons essayer de démêler. Nous laisserons de côté tout ce qui a trait à la philosophie générale, pour dégager ce qui intéresse particulièrement le sociologiste.