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lois, l’auteur range l’arithmologie, la géométrie, la mécanique, la physique, la chimie, la biologie, la psychologie, la psychophysique, la sociologie.

Passant enfin aux sciences qu’il appelle régulatives, l’auteur remarque que toute notre activité est ou réceptivité ou productivité, connaissance ou invention. Il existe des règles idéales de l’invention et des règles idéales de la connaissance. Les premières constituent la morale et les théories des actes, les deuxièmes forment la logique. M. A. N. fait résolument dépendre toutes nos pratiques de la morale ; toutes, dit-il, ont le bien pour but. Il condamne donc le système de l’art pour l’art. Il soutient aussi que les règles ne sont pas tirées par induction de la pratique, mais qu’on les a posées en vertu d’un discernement primitif et prioristique qui a fait distinguer la pratique bonne de la pratique mauvaise. Ainsi M. A. N. se range, comme la plupart des penseurs protestants contemporains, sous le drapeau du criticisme. Il le fait encore quand il essaye de placer la logique sous la dépendance de la morale.

Ce petit travail est fort intéressant et fort net. On reprochera sans doute à M. A. N. de n’avoir pas séparé les mathématiques de la physique, de n’avoir pas su maintenir la distinction des sciences en abstraites, abstraites-concrètes et concrètes ; on lui reprochera des rapprochements hasardés et qui ressemblent à des confusions, mais on reconnaîtra qu’il a bien fait d’attirer l’attention sur le caractère hypothétique des lois, qu’il a formulé contre l’absorption de toutes les sciences dans les lois déterministes une objection sérieuse qui mérite développement et examen. Que M. A. N. nous permette seulement de l’avertir qu’il n’est pas digne de son talent d’opposer au déterminisme l’argument paresseux (p. 20). Il nous semble aussi qu’un théiste convaincu comme l’est l’auteur ne devrait pas être aussi reconnaissant envers Kant, qui a exclu la théologie des sciences du réel pour la ramener à être une science de l’idéal. M. Renan et M. Vacherot ont plus de raisons que M. Naville de lui être reconnaissants.

G. Fonsegrive.

J.-E. Alaux. Théorie de l’ame humaine. La Psychologie métaphysique. In-8o, 47 p.. Picard, 1887. — Esquisse d’une philosophie de l’être. In-8o, 105 p.. F. Alcan, 1888.

La Revue a reçu de M. Alaux les deux brochures mentionnées ci-dessus. Elle ne peut guère que les signaler à ses lecteurs et donner acte de leur publication. L’Esquisse d’une philosophie de l’être n’est, d’après l’auteur, « qu’un ensemble d’affirmations, mais d’affirmations liées et formant un système, dont l’avantage est à la fois qu’il résume, ou plutôt unit et concilie des systèmes divers, contradictoires en apparence, conciliables sans doute, s’ils ont chacun leur raison d’être et leur part