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ANALYSES.a. naville. Classification des sciences.

de ceux de Descartes. On s’est efforcé d’expliquer par la différence de ces deux esprits, l’un plus philosophe, et partant curieux de théories et d’hypothèses, l’autre plutôt savant, c’est-à-dire uniquement soucieux du fait vérifié, le malentendu qui paraît les avoir un moment divisés. On peut regretter que M. N. n’ait pas donné son avis sur cette discussion. Il termine ainsi sa Défense de Pascal, comme il avait commencé, c’est-à-dire en ne le défendant pas aussi bien qu’on pouvait le faire. Si Pascal avait besoin d’être défendu, il y avait mieux à dire, ce semble, en faveur des expériences du vide, comme en faveur des Provinciales.

C. A.

Adrien Naville. De la classification des sciences, étude logique. (In-8o, 46 p.. Genève, Georg, 1888.)

Cette brochure est la reproduction d’un travail publié l’an dernier par la Critique philosophique. M. Adrien Naville s’y est proposé de fonder une classification des sciences sur d’autres bases que celles de ses devanciers. Ceux dont il s’éloigne le plus sont Auguste Comte et M. H. Spencer. Selon M. A. N., il y a trois sortes d’objets scientifiques : 1o les faits réels ; 2o les lois ; 3o les règles idéales conçues a priori par l’esprit. De là trois sortes de sciences : 1o les diverses sortes d’histoires qui décrivent et racontent les événements réels de la nature organique, inorganique et pensante ; 2o les sciences théorématiques, qui énoncent les conditions nécessaires du possible ; 3o les sciences régulatives, qui énoncent les règles d’après lesquelles doit se conduire l’activité humaine.

Dans la première classe l’auteur range la statistique, l’uranographie, la géodésie, la cristallographie, etc. ; l’astronomie, la géologie, la météorologie, etc. ; la botanique, la zoologie et l’anthropologie physiques ; la zoologie et l’anthropologie psychiques, l’histoire des langues, des actes, des littératures, des sciences, des idées et institutions religieuses, civiles, des mœurs, etc. ; la géographie politique ; la philosophie de l’histoire.

Les sciences de la deuxième classe ont deux caractères : 1o elles sont nécessaires ; 2o elles sont hypothétiques. Elles affirment en effet que dès qu’une cause est posée l’effet suit nécessairement, mais la nécessité de l’effet est toujours subordonnée à la position de la cause. L’histoire affirme que dans certains cas constatés la cause et par suite l’effet ont été posés, mais cette affirmation catégorique dérive d’une constatation empirique qu’il est impossible d’expliquer. Aussi M. A. N. soutient-il contre M. H. Spencer qu’on ne peut dire que l’histoire fournisse des lois véritables. L’objection est forte, non seulement contre Spencer, mais contre tout empirisme et contre tout déterminisme. Il est permis d’espérer que M. A. N. la reprendra quelque jour ex professo. Elle mérite mieux qu’un accidentel énoncé. Dans ces sciences de