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ANALYSES.nourrisson. Défense de Pascal.

veaux d’hommes plus ou moins marquants que l’on a pu examiner, mais avec des exceptions cependant. Déjà Rüdinger, sur quinze hommes distingués, avait trouvé la branche antérieure de Sylvius double sept fois et triple huit fois du côté gauche.

Le mémoire de M. Hervé se termine par plusieurs planches coloriées qui montrent très bien les variations exposées dans cette très intéressante monographie.

L. M.

Nourrisson. Défense de Pascal. 1 vol.  in-12, Paris, Perrin, 1888.

M. Nourrisson avait publié en 1885 sur Pascal physicien et philosophe un volume qu’il réimprime aujourd’hui. Il répond en même temps à certaines critiques dans une brochure de 128 pages, intitulée Défense de Pascal. Quelques mots d’abord sur les Provinciales, pour lesquelles M. N. se montre assez sévère. Où a-t-il vu cependant que Pascal avait « remué comme à plaisir et étalé en plein soleil les boues fétides que recèle dans ses bas-fonds la conscience humaine » ? (p. 9) Pascal, au contraire, est d’une discrétion et d’une décence parfaites dans ses attaques contre les casuistes : il se ferait scrupule d’indiquer les parties obscènes de leurs œuvres ; le côté plaisant ou bouffon lui suffit, et, s’il s’indigne parfois, quel honnête homme ne s’indignerait pas à sa place ? — M. N. revient ensuite sur les relations de Pascal avec le chevalier de Méré, qu’il avait racontées tout au long dans son premier ouvrage, où il oubliait même un peu son héros pour une autre élève réclamée par Méré, Mme de Maintenon. Il y ajoute quelques pages sur le duc de Roannez, sur Mlle de Roannez, à l’aide des documents révélés à ce propos par M. Gazier. — Puis (et c’est la meilleure partie de la brochure) il démontre que la seconde conversion de Pascal n’est point venue de l’accident du pont de Neuilly, suivi de l’hallucination d’un précipice que le malheureux aurait vu sans cesse à côté de lui, et enfin d’une vision miraculeuse. De ces trois faits, la vision seule est authentique, et on en connaît la date certaine, nuit du 23 novembre 1654. Les deux autres faits, mal établis d’ailleurs, ont été rapprochés après coup du premier, et, pour l’expliquer, on a fixé en octobre 1654 la date de l’accident. Or, la conversion de Pascal était chose accomplie dès le mois de septembre précédent, et depuis plus d’une année elle se préparait dans son âme. On peut en suivre toute l’histoire psychologique grâce aux lettres de sa sœur Jacqueline Pascal. Sainte-Beuve, dans son Port-Royal, avait déjà touché ce point, sur lequel M. N. insiste avec force et triomphe, ce semble, définitivement (p. 55-71).

Il étudie ensuite, trop rapidement, le pessimisme (p. 79-83) et le scepticisme (p. 83-99) de Pascal. Pascal, selon lui, serait plutôt optimiste, et il le prouve par deux ou trois textes bien connus. Il pouvait ajouter cependant que cet optimisme différait fort de celui de Leibniz,