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tions publiées antérieusement par Gratiolet, Broca et Rüdinger, ainsi que sur ses propres observations, l’auteur admet que, déjà chez le gibbon, les deux étages frontaux primitifs des singes inférieurs sont chacun dédoublés et que, par conséquent, il existe quatre circonvolutions frontales, celle de Broca étant la quatrième et non la troisième. Mais cette dernière est encore incomplètement séparée de sa voisine et ne commence à apparaître nettement que chez les anthropoïdes, où elle reste cependant rudimentaire.

Le troisième chapitre contient la description des progrès énormes de la circonvolution de Broca dans l’espèce humaine, où elle s’allonge à la fois en s’étendant sur un plus grand espace d’avant en arrière et en se repliant sur elle-même. L’auteur s’occupe aussi du dédoublement de la 2e frontale, que l’on a considéré à tort comme exceptionnel et particulièrement fréquent chez les criminels.

Le chapitre quatrième est un exposé du développement de la circonvolution de Broca chez le fœtus humain. Ce développement ontogénique reproduit les phases du développement dans la série phylogénique. L’auteur signale, dans ce chapitre, un fait qu’il a observé personnellement. On sait que divers anatomistes ont affirmé, après Gratiolet, la précocité du développement de l’hémisphère gauche. Ecker a contesté l’exactitude de cette affirmation et M. Hervé la conteste en ce qui concerne la circonvolution de Broca. Jusqu’à huit mois, il a toujours vu la circonvolution du côté gauche moins avancée que celle du côté droit, excepté une fois.

Dans le cinquième chapitre, M. Hervé étudie les variations de la circonvolution de Broca chez les idiots, les sourds-muets, les races sauvages. Ici se pose d’abord la question préalable et capitale de savoir si l’infériorité du volume ou du plissement de la 3e frontale ou, au contraire, sa supériorité ne peuvent pas être attribuées à une infériorité ou à une supériorité de la masse du corps tout aussi bien qu’à l’état rudimentaire ou perfectionné de la fonction du langage articulé. L’auteur a inséré dans son ouvrage une note inédite de M. Manouvrier dans laquelle ce dernier, anticipant sur un travail en préparation, expose diverses raisons pour lesquelles on doit considérer le développement de la 3e frontale comme jouissant d’une indépendance à peu près complète par rapport à la masse du corps, dans les limites ordinaires de la masse du corps humain. Cela fait, M. Hervé expose que, dans la plupart des cas, on a noté un développement incomplet de la 3e frontale ou de l’insula gauche chez les sourds-muets.

Chez les idiots par insuffisance générale du développement cérébral, on a toujours trouvé un défaut de développement de la circonvolution de Broca et surtout du pied de cette circonvolution.

L’auteur conclut aussi de ses observations jointes aux observations antérieures, que l’imperfection du pied de la circonvolution de Broca et l’état simple, souvent grossier, de cette circonvolution sont de règle dans les races inférieures. Le contraire a lieu sur plusieurs des cer-