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Dans un exposé de ses travaux scientifiques destiné à appuyer sa candidature à l’Institut pour lequel Dieu, paraît-il, ne l’avait pas fait naître, Broca résume lui-même sa découverte. Il répond à diverses reprises aux objections qui lui sont adressées dans diverses sociétés scientifiques. Dans une communication lue à la Société d’anthropologie, il expose les résultats de ses recherches sur le poids comparé des deux hémisphères cérébraux sur 440 individus morts à l’hospice de Bicêtre et à l’hôpital Saint-Antoine. Ces résultats sont que le poids du cerveau est beaucoup moindre à Bicêtre (vieillards), mais que dans les deux séries, bien que l’hémisphère droit pèse en moyenne un peu plus que le gauche, le lobe frontal gauche l’emporte cependant sur le droit d’une quantité très notable. Broca pensait, sans pouvoir l’affirmer, que ce dernier fait était dû à l’influence du développement supérieur de la troisième circonvolution frontale gauche.

Dans un autre mémoire lu à l’Académie de médecine, Broca discute les assertions relatives à l’inégalité fonctionnelle des deux hémisphères, assertions déduites prématurément de la différence du calibre des deux artères carotides. Il répond ensuite à Bouillaud, qui avait cru devoir attribuer au Dr Dax une partie de la découverte de la localisation du langage articulé. Comme beaucoup de personnes croient encore que la priorité de cette découverte est contestée à Broca en faveur de Dax et de Bouillaud, il n’est pas inutile de reproduire ici les paroles textuelles de ce dernier : « Je suis heureux d’avoir entendu les explications de M. Broca, qui tranchent définitivement à mes yeux la question de priorité. C’est donc à lui que revient tout l’honneur de l’importante découverte du siège de la faculté du langage. »

II. — Mémoires sur l’anatomie pathologique du cerveau.

Cette partie de l’ouvrage commence par plusieurs notes : sur une perte de substance du cervelet, sur une perte de substance du cerveau, sur le volume du cerveau, sur les pétrifications de l’encéphale, sur le ramollissement cérébral progressif. Broca rapporte un cas dans lequel il n’existait aucun trouble des fonctions encéphaliques, si ce n’est une altération intellectuelle ; or, à l’autopsie, on trouva seulement une altération de la substance grise des circonvolutions.

Suivent d’autres notes sur les empreintes cérébrales, sur le crâne de Néanderthal, sur l’ossification prématurée des sutures accompagnée d’idiotie ; sur l’assassin Lemaire, que Broca considère comme aliéné, sur la déformation toulousaime du crâne. Broca montre que cette déformation, qui consiste dans l’aplatissement de la région frontale et l’allongement consécutif du crâne en arrière, modifie d’une manière très notable le développement des divers lobes du cerveau au détriment du lobe frontal, modification qui peut retentir sur l’intelligence.

Nous trouvons ensuite la description d’un cas de microcéphalie extrême. Broca fait remarquer que la disposition des circonvolutions de ce cerveau ne correspond à aucune phase de l’évolution cérébrale, soit chez l’homme, soit chez les autres animaux.