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produits par l’excitation des zones hypnogènes se localisent toujours sur le point de fixation. Nous ignorons la cause de ces divergences ; mais les particularités précédentes se sont présentées avec tant de régularité et de constance chez Schey…, que nous avons cru utile de les signaler.

Ce ne sont pas seulement les images produites par l’excitation d’un tégument insensible qui se localisent sur le point de fixation. On peut ajouter qu’il en est ainsi pour toute représentation volontaire ; lorsqu’une hystérique se représente volontairement un objet, et que cette représentation est assez intense pour s’extérioriser, c’est sur le point de fixation qu’elle se localise.

Ces premiers faits confirment pleinement l’hypothèse de Wundt, d’après lequel il existe un point de fixation interne (innerer Blick-punkt) ; ce point coïncide en général avec le point de fixation externe.

Compliquons maintenant notre première expérience de la piqûre, et, pendant que nous continuons une première excitation, produisons-en une seconde sur un autre point du corps. Par exemple, nous pressons avec une épingle sur le dos de la troisième phalange de l’index, et le sujet voit une tache qui recouvre le point de fixation ; tout en prolongeant cette première excitation, faisons-en une autre dans la région mastoïdienne, derrière l’oreille.

Aussitôt le sujet aperçoit sur l’écran une seconde tache, qui ne se confond pas avec la première, mais se fixe à quelque distance ; la première continue à recouvrir le point de fixation ; elle n’est pas modifiée par l’apparition de la seconde. Quant à la seconde, elle peut être située sur l’écran à une grande distance de la première, et, dans ce cas, elle paraît plus ou moins lointaine.

Il résulte de ce qui précède qu’une image peut être localisée sur les parties périphériques du champ de visualisation de même qu’une sensation peut être localisée sur les parties périphériques du champ visuel. Il y a donc une vision mentale directe et une vision mentale indirecte. Ici encore, confirmation complète des vues théoriques de Wundt sur le champ de fixation interne.

Il faut maintenant observer que les taches lumineuses qui se produisent à une certaine distance du point de fixation sont en général beaucoup moins intenses et beaucoup moins grandes que celles qui s’extériorisent sur le point de fixation. Par exemple, pendant que nous pressons avec une pointe de compas sur le poignet d’une malade, ce qui produit une tache localisée sur le point de fixation, traçons un cercle avec une épingle sur la face dorsale de la troisième phalange de l’index ; le sujet voit alors se dessiner dans le lointain, à cinq ou six centimètres du point de mire, un cercle lumineux ; il