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premières sont d’un gris sale ; si on presse plus fortement, on obtient des points ou des taches qui deviennent plus sombres, presque noires et ressemblent à des traînées d’encre qui tacheraient le papier. Les secondes impressions visuelles sont d’un blanc mat ; si on excite très vivement, elles deviennent de plus en plus claires, brillantes comme la neige ; enfin, il existe une troisième espèce d’impressions, qui sont d’une couleur rose ou rouge, quelquefois aussi bleue ou verte. Chez la plupart des malades, on obtient principalement des taches grises ou noires (Demang…, Cless… etc.) ; chez quelques-unes les taches sont toujours blanches. Ce sont là des variétés individuelles qui deviendront fort intéressantes lorsqu’on sera parvenu à déterminer leurs conditions d’existence. En attendant, je crois utile d’en prendre note, car je sais depuis longtemps que, dans les expériences, il faut surtout noter ce qu’on ne comprend pas.

Nous avons constaté, dans ces recherches, deux faits intéressants : l’un est relatif aux régions insensibles qui sont voisines des régions sensibles ; l’autre concerne les régions dites hypnogènes.

Lorsqu’on expérimente sur un sujet hémianesthésique, et qu’on fait des piqûres qui se rapprochent de la ligne médiane, la couleur des impressions visuelles qu’on provoque à chaque piqûre se modifie régulièrement. Chez quatre malades, Lavr…, H. Par…, Demang…, Pacq…, si les piqûres de la peau insensible ont provoqué des taches sombres, ces taches s’éclaircissent à mesure qu’on s’avance vers la ligne médiane ; les impressions visuelles deviennent nettement blanches ; puis, quand on est à doux ou trois centimètres de la région anesthésique, les impressions deviennent rouges, puis roses ; et si on avance encore, le sujet pousse une exclamation brusque, en disant qu’on le pique et qu’il sent.

Nous avons observé les mêmes changements de couleur dans les impressions visuelles en piquant la peau insensible autour d’un îlot sensible situé dans la moitié anesthésique du corps ; les malades portent souvent des bijoux, bagues, bracelets, qui rétablissent partiellement la sensibilité de la peau avec laquelle le métal est en contact ; la peau anesthésique qui entoure ces zones donne aussi à la piqûre des impressions visuelles rouges.

Chez d’autres sujets, par exemple Schey…, Cles…, l’excitation d’une région insensible au voisinage immédiat du tégument sensible ne produit pas des impressions rouges ; l’impression, chez Schey…, est grise, très petite, très légère ; chez Cless…, au niveau de la ligne médiane du corps, elle devient tout à fait noire comme de l’encre.

J’espère qu’un jour il sera possible d’expliquer ces variétés indi-