SOCIÉTÉ DE PSYCHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE
LES PREMIÈRES CIRCONVOLUTIONS TEMPORALES DROITE ET GAUCHE
Depuis la description morphologique du cerveau d’Adolphe Bertillon[1], j’ai appris des deux fils aînés de ce regretté savant qu’il était sourd de l’oreille gauche au point de ne pouvoir entendre, à table, ce que lui disait son voisin de gauche. Cette surdité partielle avec laquelle son insensibilité musicale ne fut peut-être pas sans relation datait de son enfance (dix ans environ) et serait survenue à la suite d’un accident dont la nature n’est pas nettement déterminée.
D’après ce fait et étant donnés les résultats des expériences de Ferrier sur des singes, il était indiqué de rechercher si la surdité gauche de Bertillon n’était pas accompagnée de quelque particularité dans la forme et le développement de ses circonvolutions temporales supérieures droite et gauche. Une recherche de ce genre est du même ordre que celles qui ont amené la découverte de la localisation de la mémoire motrice des mots dans la partie postérieure de la troisième circonvolution frontale gauche, mais avec une différence cependant. La découverte de Broca, comme les découvertes analogues qui l’ont suivie, est due à l’anatomie pathologique : il s’agissait de rattacher la perte d’une fonction très bien déterminée à une lésion cérébrale dont il fallait trouver le siège constant. Or il s’agit également ici d’une corrélation entre la perte d’une fonction et un fait d’ordre anatomo-pathologique l’atrophie ou le défaut de développement d’une partie du cerveau. La différence consiste en ce que, dans le premier cas, la découverte est facilitée par les caractères plus ou moins tranchés d’une lésion, tandis que, dans le second, les caractères extérieurs qui peuvent révéler le siège de l’altération pathologique sont moins propres à guider
- ↑ Par MM. Chudzinski et Manouvrier. (Bulletin de la Société d’anthropologie de Paris, 1887.)
