à une constante près, comme je l’ai dit tout à l’heure, identique à la variable t ; et dans ce cas particulier, M. Tannery m’accordera certainement que ni la vitesse ni l’accélération ne seront modifiées en direction par son changement de variable.
M. Tannery me répondra-t-il que c’est par métaphore qu’il continue à employer les expressions vitesse et accélération ?
Je ne contesterai pas son droit à le faire, surtout s’il voulait bien nous en prévenir ; mais alors qu’y a-t-il d’étonnant à ce que l’expression de la loi dynamique exacte de l’univers ne soit pas identique à l’expression métaphorique de cette même loi ? Quoi de surprenant à ce que l’accélération métaphorique n’ait plus la même direction que l’accélération vraie ? Nous ne voyons plus du tout ce qu’il peut y avoir de génial dans les considérations de M. Calinon, qui nous le fait remarquer. En résumé, nous admettons volontiers que l’uniformité du mouvement de rotation de la terre autour de son axe nous a fourni une unité de mesure du temps et qu’elle a permis aux astronomes de découvrir les lois de la mécanique céleste ; mais la cinématique est une science purement mathématique, qui n’a rien à voir avec l’observation et qui est complètement indépendante de l’unité de temps choisie. Quant à la variable indépendante, la seule actuellement admise dans les calculs de la mécanique, c’est le temps et on ne peut en changer sans bouleverser cette science.
Veuillez agréer, monsieur le Directeur, l’expression de ma considération très distinguée.
La discussion me semble close ; mais peut-être n’est-il pas inutile d’en résumer l’état en deux mots.
M. Vandame possède le concept d’un temps absolu, dont l’écoulement est nécessairement uniforme.
Ce concept me manque ; je ne connais pas le temps uniforme absolument partout ; je connais le temps solaire moyen ou le temps solaire vrai ; l’uniformité n’est pour moi qu’un postulat qu’on demande pour le premier de ces temps, mais qu’on aurait, a priori, un droit égal de demander pour le second.
À part cela, M. Vandame et moi, nous sommes maintenant d’accord.
