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à laquelle nous convions M. Delbœuf : ce serait de hâter par suggestion la cicatrisation d’une plaie, sans supprimer la douleur, et en se bornant à inculquer au malade l’idée que la cicatrisation serait complète à telle date déterminée. On verrait alors si la persistance de la douleur empêche ou non l’expérience de réussir. Quoi qu’il en soit, nous trouvons dans la présente note de l’auteur une réflexion curieuse sur la puissance des suggestions répétées. À mesure que les réussites se répètent, elles se fortifient, et leur action s’accumule… La première réussite a une action égale à 1 ; la deuxième vaut 2 ; la troisième 1 + 2 = 3 ; la quatrième 1 + 2 + 3 ; la quatrième 1 + 2 + 3 = 6, etc., de sorte que, au bout de peu de temps, ces suggestions artificielles sont en état de vaincre des causes organiques très puissantes.


Archives de l’anthropologie criminelle.

(15 janv. — 15 sept. 1888.)

Paul Dubuisson. Théorie de la responsabilité. — Ce travail est divisé en deux parties : la première partie est historique. L’auteur montre comment, parti de cette opinion que le fou maniaque ou l’idiot devaient seuls être irresponsables, on est arrivé, à la faveur d’une série de conceptions, dont la doctrine des monomanies, celle de la folie morale et celle de la dégénérescence constituent les principaux termes, à ranger le criminel parmi les dégénérés et, par conséquent, parmi les irresponsables. Tout en admettant dans leur ensemble les travaux d’après lesquels les criminalistes soutiennent que le criminel est un héréditaire et un dégénéré, l’auteur a essayé de soutenir que le criminel est responsable de ses actes. C’est là l’objet de la seconde partie de son travail. Ce sujet est fort intéressant ; malheureusement l’auteur ne paraît pas être au courant des travaux modernes. Il n’a pas d’autre psychologie que celle d’Auguste Comte ; et, d’autre part, il paraît admettre tantôt que le pervers (le criminel ?) est un infirme, tantôt que c’est un individu normal. « Nous le tiendrons, dit-il, pour un être malheureux que de déplorables conditions héréditaires ont placé au dernier degré de l’échelle morale, mais qui jouit de toutes ses facultés intellectuelles. » L’article est plein de ces phrases dont le commencement est en contradiction avec la fin. En somme, l’auteur soutient que le criminel est responsable, parce qu’il est intimidable. Cette théorie, d’ailleurs peu neuve, laisse de côté la grosse et difficile question de la légitimité du châtiment.

Augagneur. La prostitution des filles mineures (avec deux graphiques). — Les mineures composent environ les quatre dixièmes des prostituées ; elles transmettent plus souvent la syphilis que les femmes âgées. De plus, les prostituées mineures étant presque toutes des