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ANALYSES.lutoslawski. Plato, Aristoteles und Machiavelli.

qu’elles ont un peu perdu de leur actualité, car l’on a constaté depuis que l’anesthésie hystérique ne supprime pas les mouvements d’adaptation compliqués : ni même la perception consciente des sensations, ainsi que je l’ai constaté dernièrement, lorsqu’on excite une région anesthésique, par exemple la peau de la main, le sujet ne perçoit pas l’excitation sous la forme d’une sensation tactile localisable dans la main ; mais il la perçoit sous forme d’idée ou d’image visuelle. Nous publierons prochainement ici même les résultats de nos observations ; ces faits nouveaux ne paraissent guère permettre de soutenir aujourd’hui que l’obstacle se trouve dans les organes des sensations brutes, et que l’excitation est arrêtée dans les centres basilaires.

Alfred Binet.

W. Lutoslawski. Erhaltung und Untergang der Staatsverfas-sungen nach Plato, Aristoteles und Machiavelli. (Comment se maintiennent et comment périssent les constitutions politiques selon Platon, Aristote et Machiavel.) In-12, Breslau, 1888, 140 p..

Ce petit ouvrage comprend deux parties. Dans la première, l’auteur expose et discute la théorie d’Aristote sur les révolutions. Dans la seconde, il la compare aux théories correspondantes de Platon et de Machiavel.

Deux questions dominent toute la doctrine d’Aristote : comment naissent les révolutions et comment les prévenir ? En d’autres termes, qu’est-ce qui fait périr les constitutions ? qu’est-ce qui les fait durer ?

Pour résoudre ces deux questions connexes, Aristote fait une véritable psychologie de l’esprit révolutionnaire. Nous n’avons pas à reproduire ici les détails de cette fine analyse que M. Lutoslawski a résumée avec beaucoup de méthode et de clarté. Arrivons tout de suite aux conclusions qu’il tire de son exposé et à la manière dont il interprète et apprécie la théorie aristotélicienne.

Tout d’abord pour ce qui est de la méthode il semble à notre auteur que, contrairement à l’opinion courante, Aristote a sur ce point particulier, comme dans sa Politique en général, procédé déductivement. D’après cette interprétation les faits que l’on trouve cités avec abondance dans l’ouvrage n’y sont qu’à titre d’exemples et c’est une erreur d’y voir les membres intégrants d’une induction scientifique. Toute la doctrine politique d’Aristote ne serait qu’une déduction de sa psychologie, de sa logique et de son éthique. Il se serait exclusivement proposé, avec les éléments empruntés à ces trois sciences, de construire le plan de l’État idéal. S’il ne s’en tient pas à ces spéculations purement idéologiques, si en outre il analyse avec soin les autres types de constitutions politiques qui se sont rencontrés au cours de l’histoire, s’il décrit les révolutions particulières auxquelles chacune d’elle est exposée, c’est que, suivant lui, le politique sage ne doit pas seulement savoir fonder de toutes pièces une constitution nouvelle, mais se servir