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ANALYSES.piderit. La Mimique et la Physiognomonie.

thésie peut être totale, comprendre tous les modes de la sensibilité, ou seulement partielle. Parmi les anesthésies partielles, qui sont très intéressantes à étudier, M. Pitres cite : l’analgésie, ou perte des sensations douloureuses avec conservation des sensations tactiles ; la thermoanesthésie, ou perte des sensations thermiques avec conservation des sensations tactiles et douloureuses ; l’anesthésie avec thermoesthésie, qui se comprend toute seule ; l’électroanesthésie, ou perte isolée des sensations électriques ; l’anesthésie avec électroesthésie, conservation isolée des sensations électriques ; l’alphalgésie (de αλφη, contact, et αλγος, douleur), sensibilité douloureuse au contact de certains corps. M. Pitres pense que la perte isolée des sensations tactiles n’appartient pas à l’hystérie. Il dit même que le retard ou le redoublement des perceptions sont des symptômes habituellement sous la dépendance de lésions matérielles des nerfs périphériques ou de la moelle épinière. « Par cela seul qu’on constate leur existence chez un malade, on doit éliminer l’hypothèse de l’hystérie. » Il y a là, croyons-nous, une erreur. Certains auteurs, M. Revillout par exemple, ont été jusqu’à soutenir que l’anesthésie hystérique consiste dans un retard de perception. (Acad. des Sciences, 1885.) Sans aller jusque-là, on peut affirmer qu’il y a des hystériques chez lesquels la perception est retardée.

M. Pitres énumère, parmi les symptômes qui accompagnent l’anesthésie cutanée : 1o l’abolition des réflexes au chatouillement. Si l’on chatouille la malade sous la plante du pied insensible ou sous l’aisselle insensible, on ne provoque pas les mouvements généraux et désordonnés d’une personne chatouillée ; 2o la conservation des réflexes organiques (la sécrétion et la vascularisation de la peau sous l’influence de sinapismes et de vésicatoires), la turgescence des organes érectiles (mamelon, clitoris) sous l’influence du contact, et enfin la conservation du réflexe pupillaire sensitif, c’est-à-dire la dilatation de la pupille sous l’influence d’excitations douloureuses ; 3o l’absence de sensations subjectives désagréables. Un certain nombre de phénomènes morbides sont accessoirement en rapport avec l’anesthésie cutanée, mais ne sont pas constants : 1o l’abaissement de la température locale ; 2o l’absence d’hémorrhagies après la piqûre : la plaie ne saigne pas, mais il se forme à sa place une saillie, une sorte de papule ortiée qui peut durer plusieurs heures.

Anesthésie des muqueuses. — L’anesthésie peut intéresser la conjonctive, la cornée, le pharynx, l’épiglotte, le larynx, le nez, le conduit auditif externe, les organes génitaux, l’anus. Les variétés d’anesthésie qu’on observe le plus souvent sur les muqueuses des hystériques sont l’anesthésie totale et complète, l’hypoesthésie et l’analgésie. L’anesthésie de la muqueuse conjonctivale est très fréquente ; elle coïncide en général avec la sensibilité de la cornée.

L’anesthésie des muqueuses produit l’abolition des réflexes au chatouillement. Le chatouillement des lèvres, du canal auditif externe ne produit plus la sensation vive de tressaillement ; le chatouillement de