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trait naturel que ce développement mesurât exactement la valeur de l’homme dans la série des êtres et dans sa propre espèce : de là cette tendance des artistes, peintres et sculpteurs, à « traiter et idéaliser le front dans leurs portraits avec une prédilection marquée ». Mais si l’on prend pour guide une sévère critique artistique qui élimine les portraits de fantaisie et les traits de convention, on trouve par exemple que Frédéric II « avait le front étonnamment plat et rejeté en arrière », que Richelieu l’avait aussi « caractéristiquement bas et rejeté en arrière », et que « la grandiose femme-homme », Catherine II de Russie, avait un front qui n’atteignait pas même les proportions ordinaires. Cette discussion est intéressante et la critique des documents semble judicieuse et sûre.

Ces documents sont les portraits choisis par l’auteur pour illustrer la partie physiognomonique de son ouvrage. Il est assurément impossible dans une analyse de suivre l’auteur sur ce terrain. Nous nous contentons donc de renvoyer le lecteur à l’ouvrage lui-même, et puisque nos critiques ne portent que sur la partie historique, elles nous laissent le droit de déclarer en terminant qu’on ne trouverait nulle part, à l’heure actuelle, une exposition plus méthodique de cette question si complexe de la mimique et de la physiognomonie et un traité plus lumineux dans ses principes et plus complet dans sa brièveté.

Alexis Bertrand.

A. Pitres. Des Anesthésies hystériques. Bordeaux, Gounouilhou, 1887, p. 162.

Les leçons de M. Pitres sur les anesthésies hystériques sont, comme il le dit lui-même, des leçons de choses ; il évite les longues descriptions didactiques ; il préfère s’attacher à montrer des exemples concrets des divers phénomènes qu’il étudie. Cette méthode est excellente ; c’est aussi celle de M. Charcot, à la Salpêtrière.

L’historique de l’anesthésie hystérique est assez curieuse ; nous ne rappellerons pas qu’au moyen âge on appelait marques des sorciers ou stigmates du diable les parties des téguments dans lesquelles on pouvait enfoncer des épingles sans que le sujet en ressentit aucune douleur ; ce sont là des faits bien connus. Ce qu’on sait moins, c’est que l’anesthésie hystérique n’est étudiée par les médecins que depuis cinquante ans à peine. Piorry le premier en montra des exemples à son cours de clinique en 1843 ; puis vinrent les travaux de Gendrin, de Briquet et de Charcot, qui en ont vulgarisé la notion.

Anesthésie cutanée. — L’anesthésie de la peau peut être complète, quand les excitations les plus énergiques ne sont suivies d’aucune perception, et incomplète dans le cas où la sensibilité n’est pas abolie, mais simplement émoussée. On dit alors qu’il y a hypoesthésie. L’anes-