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ANALYSES ET COMPTES RENDUS


Émile Beaussire. Les principes du droit. 1 vol.  in-8o, vi-427 p.. Paris, F. Alcan, 1888.

Dans les Principes de la Morale, dont je rendais compte ici même il y a deux ans, M. Beaussire promettait de donner bientôt un volume sur les Principes du Droit : le voici ; et c’est, à mon sens, le meilleur de ses ouvrages. Je suis un peu en retard pour en parler ; mais ce livre n’est pas de ceux qui ne peuvent point attendre. Bien qu’il éclaire nombre de questions actuelles, l’actualité est pour peu dans l’intérêt qu’il offre. Le moment n’est pas prochain où les problèmes de droit naturel seront si bien et si unanimement résolus par l’opinion, qu’il soit superflu de se référer, pour y voir clair, à un ouvrage qui les pose philosophiquement et les discute à la lumière des principes.

Principes de la Morale, Principes du Droit, la symétrie n’est parfaite que dans les titres. Le droit est chose morale s’il en fut, aussi bien que le devoir, dont il n’est pour ainsi dire que l’autre face. Les principes du droit ne sauraient donc être ailleurs que dans les principes mêmes de la morale, pour M. Beaussire tout particulièrement, selon qui le droit repose uniquement sur le devoir. Il s’ensuit que ce volume, bien que d’un caractère tout général encore et hautement théorique, n’est pourtant, et ne pouvait être qu’une déduction du précédent. Ce ne sont pas les principes derniers du droit qu’on nous donne ici (nous les avions déjà), c’est la première application de ces principes : c’est une division générale des droits, avec la ferme indication de la manière dont ils s’enchaînent entre eux et découlent du devoir. En d’autres termes, et il faut s’en féliciter, c’est une philosophie du droit, heureusement dégagée de ces discussions métaphysiques qu’il est impossible d’éluder en morale pure, mais qu’il y a tant d’intérêt pratique à ne pas rouvrir sans nécessité.

M. Beaussire, qui évite sagement de les rouvrir, aurait même pu, selon nous, s’abstenir complètement d’y faire allusion. Car la métaphysique divise des gens qui peuvent s’accorder sur le droit, et le premier soin de ceux qui traitent ces questions de philosophie pratique, où l’accord est relativement facile, devrait être d’écarter tout ce qui peut y faire obstacle. Il serait si bon qu’il y eût au moins un terrain sur lequel