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L’ÉVOLUTION PHONÉTIQUE DU LANGAGE


Dans le numéro d’octobre dernier de la Revue philosophique, M. B. Bourdon a traité, en s’aidant surtout des travaux de l’école allemande de la nouvelle grammaire, mais avec beaucoup d’indépendance de jugement et en apportant un contingent d’idées personnelles souvent fort différentes de celles des auteurs qu’il se plaît à citer, l’intéressante question de l’évolution phonétique du langage.

Notre ingénieux et savant collaborateur reconnaît pourtant que son étude ne résout pas le problème auquel elle est consacrée. Il va même jusqu’à dire, en concluant, que « les causes véritables du changement phonétique sont encore, si on excepte les causes ethnologiques, mal établies ». Or, ce sont ces causes qu’il importe surtout de connaître pour asseoir sur elles une théorie définitive du développement du langage, au moins en ce qui concerne les sons, ou l’étoffe dont il est fait ; et, sans prétendre non plus donner le dernier mot de la question, nous aimons à croire qu’en la reprenant au point où M. Bourdon l’a laissée, nous ne ferons pas une œuvre dépourvue d’intérêt pour les lecteurs de la Revue qui savent combien tout ce qui touche au langage, touche en même temps à la psychologie dans ses parties pour ainsi dire les plus concrètes et les plus accessibles.

Mais avant d’aborder l’évolution phonétique même, dont il s’agirait d’essayer de mettre les causes en lumière, nous voudrions revenir en quelques mots sur la question connexe des lois phonétiques ; car nous avons, en ce qui les concerne, à présenter quelques observations qui compléteront utilement, nous l’espérons, celles que M. Bourdon a déjà fait valoir sur le même sujet.

I

On entend généralement par lois phonétiques les causes générales qui sont censées diriger telles ou telles séries données de changements