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CORRESPONDANCE


L’AGRANDISSEMENT DES ASTRES À L’HORIZON

En remerciant M. Léchalas du texte de Malebranche qu’il a transcrit dans la Revue philosophique de décembre 1888, je dois indiquer aussi un passage qu’on me signale d’autre part dans le livre de M. Bernstein sur les Sens (p. 136) : « La lune paraît décidément plus grande à l’horizon… Il ne s’agit pas seulement (il faut dire : pas du tout) d’un effet de réfraction… Deux causes peuvent contribuer à cette illusion : le firmament nous apparaît sous la forme d’une cloche ellipsoidale… Nous comparons la lune à l’horizon avec des objets situés sur terre. » Il était naturel de rechercher dans l’Optique physiologique d’Helmholtz l’origine de cette solution : elle s’y trouve en effet (p. 800 de la traduction française), avec tout l’historique (p. 870) d’une théorie dont Malebranche est loin d’être le premier auteur. Il faut ajouter que l’explication n’y est donnée qu’en gros, sans l’examen des apparentes contradictions et des difficultés accessoires qui montrent la nécessité de fonder la perception sensible sur une généralisation spontanée.

D’après l’article de M. Léchalas, la solution du problème semblait moins avancée qu’elle ne l’était en réalité : plusieurs des assertions de MM. Houzeau et Stroobant ne pouvaient que la retarder. C’est en les critiquant que j’ai été amené à reprendre ou à développer les explications de Malebranche dont on n’avait peut-être pas assez vu la portée. Il est ordinaire qu’une explication plus complète permette de remarquer et de juger des essais antérieurs : les hypothèses physiologiques semblent condamnées ; c’est la théorie classique de la distance apparente qui contient le germe d’une solution plus exacte.

Ayant constaté, après d’autres, que le ciel ressemble à une voûte surbaissée, j’ai essayé de rendre compte de cette apparence : M. Léchalas croit que les astres paraissent y décrire un arc de cercle plutôt qu’une demi-ellipse ; je pense autrement. Tout autour de l’horizon et quelques degrés au-dessus, se déroule une zone qui, par l’importance qu’elle a pour nous, et par les points de comparaison qu’elle nous