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NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES


Barbié du Bocage. — Analyse et Synthese. Paris, Masson, 1888. 2 vol.  in-8o.

On ne refusera à l’auteur de cet ouvrage ni la parfaite bonne foi, ni l’élévation de la pensée. Mais il est douteux qu’on lui accorde facilement son adhésion.

« N’ayant nulle prétention à beaucoup savoir, est-il écrit dans la préface, j’ai certainement commis des inexactitudes ; j’ai pu négliger des détails utiles ; qu’on me le pardonne. J’ai toujours regardé en avant. J’ai cherché à prouver à l’homme, avec l’existence de Dieu, le mérite de l’enseignement chrétien ; et c’est en glanant dans la science que je crois en avoir trouvé des preuves. »

M. Barbié du Bocage déclare appartenir à cette classe de personnes qui ont fouillé dans beaucoup de sciences « en cherchant à prendre les résultats de chacune, en voyant le rapport entre leurs conclusions et en démontrant, par ce moyen, leurs infinies facultés, leur perfection, leur concentration dans l’adorable spiritualité, dans Dieu même ! » Il nous avertit que son travail est fondé certainement sur une hypothèse. « Ne pouvant aller par les expériences du connu, visible ou palpable, à l’inconnu, j’ai cherché en moi-même, nous dit-il, dans tout ce qui avait passé par mon esprit, le principe de l’origine des choses ; puis, descendant de degré en degré, croyant ce principe trouvé, je l’ai comparé aux faits qui nous sont présentés par toute la nature, même dans le passé, le présent et l’avenir de l’homme. C’est après avoir reconnu que mon point de départ expliquait bien des choses, que j’en ai fait la base de mon système. »

En somme, la synthèse que nous offre M. Barbié du Bocage est préexistante à l’analyse sur laquelle il la voudrait établir. Cette manière d’opérer est celle des grands systématiques, et l’on ne cherchera pas là-dessus chicane à l’auteur. Mais on lui reprochera peut-être d’avoir pris son « fait explicatif » dans un sentiment individuel, et d’avoir réduit par là l’explication à une valeur purement logique. Le malheur est que la simple logique peut fournir plusieurs explications du monde, suffisamment bonnes dans l’ensemble et recevables au point de vue sentimental de chacun, entre lesquelles la difficulté resterait à choisir. On porte bien alors la preuve en soi-même ; mais elle n’est pas dans l’œuvre.