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D’autres n’arrivent pas à faire une désignation aussi précise ; malgré leurs efforts, elles ne peuvent pas choisir un doigt individuellement, et disent qu’elles se représentent par exemple les derniers doigts de la main (l’annulaire et l’auriculaire), ou les premiers (le pouce et l’index), ou ceux du milieu (l’index, le médius et l’auriculaire) ; cette désignation, moins précise que la précédente, est cependant toujours exacte (Lavr.). C’est toujours un des deux doigts désignés par le sujet qui a été soulevé par l’expérimentateur.

Examinons maintenant les phénomènes de perception qu’on peut provoquer en s’adressant presque uniquement à la sensibilité cutanée. Lorsqu’on place différents objets dans la paume de la main du sujet ou sur la pulpe des doigts, tout en empêchant la main d’exécuter un mouvement quelconque de palpation, qui ferait intervenir le sens musculaire, très souvent, les malades, priés de penser volontairement à un objet, désignent celui qui est en contact avec leur main (Demang…, Habil…, Clet…), mais c’est là une expérience trop complexe et aussi trop infidèle pour que nous pensions nécessaire de nous y arrêter.

Sur le sens de la pression et de la piqûre nous avons fait trois expériences principales :

La première intéresse ce qu’on peut appeler le sens local ; en piquant la malade sur une région anesthésique, nous la prions de désigner au hasard une partie de son corps. Certains sujets (Demang…, Clet…, Jume…, Schey…) indiquent très exactement le point où l’expérimentateur a enfoncé l’épingle ; d’autres ne peuvent faire qu’une désignation vague ; si on leur pique la face dorsale de la 3e phalange du médius, ils se représentent par exemple le dos de la main, sans pouvoir préciser davantage (Lavr.).

Un second genre d’expériences peut être fait au moyen d’excitations répétées un certain nombre de fois sur le même point de la peau avec une pointe de compas : le sujet est prié ensuite de penser à un chiffre. Certaines malades pensent le chiffre qui est en rapport avec le nombre des excitations ; aucune erreur n’est commise, alors même que le nombre des excitations dépasse cent[1] Demang…).

D’autres malades désignent des chiffres qui ne correspondent pas exactement avec le nombre des excitations ; ainsi pour 10 excitations, le sujet dira 9, 10, 11 ou 12. Pour 3 excitations, le sujet dira 2, 3, 4

  1. Disons en passant que, lorsqu’on fait des excitations nombreuses, il importe de contrôler l’état de la sensibilité, qui peut se modifier sous l’influence de ces excitations.