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RECHERCHES

SUR LES ALTÉRATIONS DE LA CONSCIENCE


CHEZ LES HYSTÉRIQUES


I

Je reprends, après un an et demi d’interruption, les recherches que j’ai commencées, en collaboration avec M. Féré, sur la physiologie des mouvements chez les hystériques[1]. Les nouvelles recherches ont été faites comme les premières dans le laboratoire de M. Charcot, qui a bien voulu m’autoriser, une fois de plus, à profiter des ressources de sa clinique[2].

Je résumerai d’abord, très brièvement, les principaux faits de notre précédent travail qui vont servir de point de départ à celui-ci. Je rappellerai donc ce que nous avons observé relativement à l’anesthésie de certaines hystériques ; cette anesthésie n’est pas complète, absolue, comme les anesthésies de cause organique ; elle consiste simplement dans un passage de la sensibilité à l’état inconscient. La sensation cesse d’être perçue par le sujet, mais elle n’est pas détruite. Voici quatre expériences principales qui le démontrent : 1o si on communique un mouvement quelconque au membre anesthésique de ces malades, quand ils ont les yeux fermés, les malades ne sentent pas le mouvement passif, ils n’ont conscience ni de sa durée, ni de sa direction, ni de son amplitude ; ils n’ont même pas conscience de sa production, à moins que le léger bruit produit par le frottement des vêtements ne les avertisse du déplacement de leur membre ; cependant quand on abandonne le membre

  1. Archives de physiologie normale et pathologique, octobre 1887.
  2. Je dois aussi des remerciements à MM. Babinski, Gilles de la Tourette et Huet, chefs de clinique et interne du service.