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chaque instrument, ce que les instruments se disent entre eux, ce qu’ils nous disent à nous-mêmes, l’esprit de l’auditeur veut le savoir. Son imagination musicale, si elle n’est secondée, le cherche péniblement et le trouve quelquefois tard, peu, mal ; ce qui altère la jouissance esthétique. Quelques mots du maître donnent la clef, ouvrent la voie à l’imagination. Un seul mot peut y suffire. Ce mot pourquoi l’exclure, pourquoi le refuser ? N’est-ce pas grâce à ce mot, qu’à côté de la part du sens musical, c’est-à-dire de la faculté de jouir des sons pour eux-mêmes, sera faite aisément la part du sentiment musical, c’est-à-dire de la faculté de jouir des sons pour ce qu’ils expriment de l’âme humaine ?

Ch. Lévêque,
de l’Institut.