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SOCIÉTÉ DE PSYCHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE


DE L’AUTO-SUGGESTION EN MÉDECINE LÉGALE

Par M. le Docteur Burot,
Professeur à l’École de médecine de Rochefort[1].

Beaucoup d’esprits s’inquiètent du danger social de l’hypnotisme ; on va même jusqu’à oublier que chaque médaille a son revers, on ne veut voir que les inconvénients sans considérer les avantages. Il faut bien dire que le côté médico-légal n’est pas encore suffisamment exploré ; malgré l’autorité des auteurs qui ont donné leur avis sur l’hypnotisme au point de vue médico-légal, la question n’est pas encore tranchée. Pour certains auteurs, toute personne mise en état de somnambulisme devient, entre les mains de l’expérimentateur, un véritable automate, tant sous le rapport moral que sous le rapport physique. Pour d’autres, l’idée suggérée n’a rien de spécial ni de particulier ; rien ne différencie cette pensée des autres pensées qui assaillent son esprit à chaque instant, rien ne vient l’avertir de l’origine étrangère de cette idée. M. le docteur Brulard, inspiré par le professeur Bernheim, ajoute quelques remarques de la plus haute portée : « Peut-être cette pensée suggérée, dit-il, est-elle plus forte que les autres ; mais enfin, en présence d’une idée, d’un acte suggéré, le sujet se trouve dans les mêmes conditions morales, qu’en présence des autres pensées journalières, et si l’idée est en contradiction trop évidente, avec ses principes, avec ses habitudes, il reste libre de l’exécuter ou de passer outre ; seule l’idée est suggérée, mais la réalisation de cette idée dépend tout entière de la volonté du sujet. Si celui-ci est habituellement d’une volonté faible, ne résistant pas à ses propres impulsions, il est clair qu’il ne résistera pas davantage à l’impulsion d’autrui, mais si, au contraire, c’est un individu à volonté forte, habitué à se dominer et à n’agir qu’avec le contrôle réservé de sa raison, il examinera l’idée suggérée, il la jugera au même titre que les autres, il ne l’exécutera que s’il le juge convenable.

On le voit, l’hypnotisé, en présence d’une idée suggérée, peut être

  1. Communication faite à la séance du 26 novembre 1888.