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INTRODUCTION À LA SCIENCE PHILOSOPHIQUE[1]


IV

DES RAPPORTS DE LA PHILOSOPHIE ET DE LA THÉOLOGIE


La suite de ces études nous amène à traiter des rapports de la philosophie avec tout ce qui l’avoisine, non seulement avec les autres sciences, mais encore avec tous les ordres d’études, toutes les applications d’esprit qui constituent le domaine de l’activité intellectuelle. La philosophie a des rapports avec tout ce qui touche l’esprit humain, avec les sciences d’abord, mais aussi avec les lettres, avec l’histoire, avec la politique, avec la religion. Pour commencer cette analyse par le côté le plus élevé, considérons d’abord les rapports de la religion et de la philosophie.

En méditant sur ce sujet délicat, il nous est arrivé quelque chose de semblable à ce qui se passa dans l’esprit de J.-J. Rousseau, lorsqu’il voulut concourir, par son premier écrit, sur le sujet proposé par l’Académie de Dijon. On sait que cette Académie demandait si le progrès des lettres et des arts avait contribué à l’amélioration des mœurs. On raconte (c’est Marmontel qui atteste ce fait dans ses Mémoires) que J.-J. Rousseau étant allé voir Diderot, alors prisonnier au château de Vincennes, où il était enfermé pour quelques incartades, lui annonça son dessein de travailler sur cette question. « Et quel parti comptez-vous prendre ? demanda Diderot. — L’affirmative, répond Rousseau. — Eh quoi ! dit Diderot, c’est le pont aux ânes, c’est le contraire qu’il faut soutenir, si l’on veut dire quelque chose de nouveau. » Rousseau fut frappé de ce conseil. Il y vit

  1. Voir le tome XXV, p. 337 et p. 577, et tome XXVI, p. 313.