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Nommons seulement, pour cette première période, D. van de Wynpersse, van Hennert, de Perponcher (1740-1819), philosophes du sens commun ou éclectiques, qui sont bien morts aujourd’hui. M. G. v. A. accorde à Kinker une plus longue mention. Kinker (1764-1845) fut le vrai tenant, dit-il, contre Wyttenbach. Il ne demeura pas, d’ailleurs, fidèle au kantisme, et il versa dans la philosophie de l’identité. Il s’occupa surtout de poser les fondements du droit. Il reprochait à Kant de soustraire à la science la notion de liberté, en la portant dans un monde surnaturel, et il réclamait, en conséquence, l’extension des catégories aux phénomènes de l’expérience interne tentative qui a été reprise en Allemagne. Il corrige, assez obscurément, la définition du beau donnée par le maître ; il comprend, enfin, autrement que lui la philosophie du langage, dans lequel il voit un produit de l’imagination instinctive.

Kinker appartenait à la « gauche » kantienne ; il ne voulait pas entendre parler d’un christianisme philosophique. Le Roy était de la « droite », et il voulut allier le kantisme avec la plus pure orthodoxie.

Un autre kantien à nommer est J.-A. Bakker. Quant à Schröder (1774-1845), il avait déserté. Déjà, en 1824, il proclame le sens intime source de connaissance, et il dénonce les illusions inévitables des sens, que le maître chargeait de nous livrer à l’état pur la matière de nos jugements. Il restaure la réalité de l’âme, contre le pyrrhonisme attaché aux flancs de l’idéalisme transcendantal, etc.

Schröder van der Kolk (1797-1862) fut célèbre médecin aliéniste ; on a de lui un écrit posthume, Âme et Corps.

Vient enfin celui qu’on a nommé le précepteur de la Hollande, Ph. W. van Heusde (1778-1839). Si grande qu’ait été son influence sur les hommes cultivés de son temps, il faut dire qu’il fut bon littérateur, mais point philosophe. Il a déclaré lui-même qu’il devait à la littérature classique, d’abord à Platon, d’être ce qu’il était ; encore ne semble-t-il pas avoir pénétré assez avant dans la dialectique de son maître préféré. Il eut pour adversaires de Greuve et Jac. Nieuwenhuys (1777-1857). Ce dernier connaissait bien la philosophie la plus récente, celle de Fichte, de Schelling, de Hegel, que van Heusde paraît avoir à peu près ignorée. Il suivit d’abord G. Hermes, ensuite Krause.

Schröder Steinmetz mourut à l’âge de vingt-neuf ans, ne pouvant tenir ce qu’il promettait. Il eût empêché sans doute l’indifférence où vinrent les Hollandais pour les questions philosophiques. Le Dr Kiehl fonda bien, assisté par van Ghert et Bakkerkorff, une revue hégélienne. Mais l’obscurité même de la terminologie allemande avait dégoûté des hautes spéculations. On s’en raillait en Hollande. T. Roorda accable Fichte, et il écrit que, en général, il n’est rien de si absurde que les philosophes allemands venus après Kant n’aient restauré et fait admirer à leurs plus ou moins nombreux lecteurs.

On en était là, lorsque parut Cornelis Wilh. Opzoomer (1821). Littérateur, philosophe, théologien, juriste, Opzoomer fut en tout excellent