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spéculative de l’idéal empruntée à Platon dont avant lui la doctrine était diversement et mal comprise, nous a valu son histoire de l’art. Il était bon, de même, sans s’y étendre aussi longuement, de faire remarquer que dans Winckelmann il y a à distinguer l’homme et le théoricien, sa personnalité essentiellement allemande, de ses vues dogmatiques sur le beau et l’art.

Que dans les dernières années de sa vie il se soit avec le même enthousiasme livré à l’étude des œuvres de la nature et à celles de l’art, cela ne change rien à ses doctrines esthétiques que l’historien s’était chargé de nous faire connaître. Il eût mieux valu, selon nous, ce qui eût été beaucoup plus difficile, nous montrer comment de ce berceau de l’esthétique nouvelle sont sorties les théories suivantes, et tout le développement ultérieur de l’esthétique allemande dans Kant, Schelling, Hegel, etc. Que l’auteur donc excuse notre franchise, avec notre insuffisance, car c’est ce que nous ne voyons pas.

Si le résultat définitif de toute cette histoire est le sentiment donné comme base à la science du beau et à la philosophie de l’art, il nous est impossible de voir comment sur une pareille base peut s’élever un édifice solide. Nous n’apercevons même pas trop non plus comment la profession de foi esthétique de notre auteur, pp. 109-321, s’accorde avec ses jugements sur la valeur absolue des œuvres d’art, celle-ci devant être appréciée d’après la manière de sentir et le goût essentiellement variable, qui prévaut aux époques diverses de la vie des peuples, selon les mœurs, le caractère et l’esprit des individus, etc.

Nous avons voulu, par cette analyse, seulement faire connaître un livre dont, malgré nos critiques, nous nous plaisons à reconnaître tous les mérites, œuvre d’un esprit très distingué et qui, comme il a été dit au début de cet article, est d’une lecture très instructive et très intéressante.

Ch. Benard.

M. Wundt. Grundzüge des physiologischen psychologie, 3º Auflage, Leipzig, 1887.

Cette 3e édition de la Psychologie physiologique de Wundt se distingue de la précédente, par conséquent de la traduction française, par les principales additions ou modifications suivantes :

Dans l’Introduction physiologique, les paragraphes qui traitent de la conduction dans les nerfs périphériques, la moelle épinière, le cervelet, ont été revus et perfectionnés ; des modifications particulièrement considérables ont été faites à celui qui traite de la conduction dans les pédoncules et ganglions cérébraux. Un paragraphe nouveau a été consacré à la théorie des associations nerveuses qui relient entre elles certaines régions de l’écorce du cerveau. À propos de ce système d’associations, W. déclare qu’il ne faut leur attribuer qu’une signification