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subtilité n’est pas fondé : les scolastiques voyaient des distinctions et des nuances là où nous n’en voyons pas. En somme, les néo-scolastiques admettent franchement tous les progrès accomplis dans les sciences physiques ; mais ils s’en tiennent à l’interprétation thomiste de la logique, de la psychologie et de la métaphysique d’Aristote.

Hyslop. La théorie de Wundt sur la « Synthèse psychique » dans la vision. — Wundt regarde la perception de l’espace comme une synthèse expérimentale, à la fois sensorielle et motrice ; il s’est proposé de corriger la théorie des inférences inconscientes de Helmholtz. L’auteur trouve beaucoup de faits expérimentaux en faveur de cette thèse. Il montre à l’aide de figures très simples que si on en fusionne deux en une, soit par convergence, soit par divergence des yeux, on peut obtenir l’apparence de la profondeur. La partie de la figure qui, pour être fusionnée, requiert la plus grande convergence, apparaît sur un plan plus proche, et, d’une manière générale, la localisation correspond uniformément au degré d’ajustement requis pour produire la combinaison. L’auteur attache une grande importance au rôle de l’attention, considérée comme phénomène volontaire et moteur, qui suivant la direction qu’elle prend fait varier la perception de l’espace. Il montre que la localisation variant avec les processus musculaires, tandis que les images rétiniennes restent invariables, il en résulte que la perception de l’espace ne peut pas être considérée comme sensorielle.

La deuxième partie l’article est consacrée à quelques critiques de la théorie de Wundt : 1o Il se contredit, en admettant d’une part la synthèse psychique et d’autre part la théorie de la fusion sur des points disparates. 2o Une expérience de l’auteur montre qu’à l’aide des muscles droits internes et externes de l’œil, la perception de solidité se produit et qu’elle n’a pas lieu avec le mouvement des muscles droits supérieurs et inférieurs (le mouvement horizontal donne la troisième dimension, le mouvement vertical ne le donne pas). Peut-on admettre que l’innervation ne soit pas la même dans ces divers muscles ? C’est contraire à toute analogie. 3o La théorie explique mal la localisation des images homonymes et hétéronymes. 4o Wundt n’a pas vu que la localisation varie avec les changements d’attention, l’innervation musculaire et la contraction pour l’ajustement restant constantes. Enfin l’auteur fait une critique générale de l’expression favorite de Wundt « sensation d’innervation » ou processus « central ». D’abord, les sensations dites périphériques sont aussi centrales que les autres. De plus, l’innervation, dans le sens courant de la physiologie, désigne surtout les impulsions motrices ; or, Wundt entend par là un pur équivalent psychique de ces mouvements qui n’ont pas besoin d’être actuels, réels. Malgré ses lacunes, la thèse de Wundt est encore ce qu’il y a de plus satisfaisant sur la question.

A. Bain. Définition et démarcation des sciences subjectives. — Il s’agit des rapports entre la psychologie, la logique et la morale d’une