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cience empirique. D’ailleurs l’identité s’applique non seulement à la forme, mais au contenu. La substantialité enlevée à l’esprit, reste le fait positif de la conscience, que l’associationisme et le criticisme ont été impuissants à expliquer. Il a été donné à la psychologie contemporaine de trouver la base de cette explication dans la persistance de la force, grâce à laquelle toute représentation laisse en héritage à celle qui lui succède sa propre énergie.

M. Tarantino s’est montré dans cet essai un critique maître de son sujet, très clair dans ses discussions ; son opuscule nous fait attendre un bon livre.

Bernard Perez.

Enrique Jose Varona.Conferencias filosoficas, segunda serie, Psicologia. Habana, 1888, 475 p.

M. Varona vient de publier la secon de série de ses Conférences philosophiques ; elle a pour titre : Psychologie. La première, dont j’ai rendu compte en 1881, avait pour objet la Logique. Je la recommandais en ces termes aux lecteurs de la Revue : « Ce livre marque un homme de valeur, érudit avant tout, mais judicieux critique, net et élégant écrivain. L’auteur est si bien renseigné sur la matière qu’il traite, si complètement au courant de tout ce qui a été dit, même de nos jours, sur les grandes questions philosophiques, que nous n’essayerons pas de présenter une analyse même succincte de son étude, pleine de faits et d’idées, où l’exposition s’unit à la discussion sans diminuer la valeur didactique de l’œuvre. » La Psychologie me paraît mériter d’une manière générale les mêmes éloges que la Logique. J’en userai envers elle de même qu’envers son aînée ; je me contenterai de signaler la façon dont M. Varona comprend la méthode psychologique, ses principales vues sur la matière, son plan, ses lacunes.

M. Varona est fortement convaincu que tout fait subjectif a une base objective. Si la psychologie a pour objet, comme on dit, les faits désignés par le nom d’états de conscience, cela ne saurait s’entendre que des faits qui peuvent être ou qui ont cessé d’être conscients (préconscients, inconscients, subconscients), dont le secret doit être cherché au fond de l’organisme. Les phénomènes physiologiques nous servent de base pour expliquer, autant que possible, la série parallèle et connexe des états mentaux. La méthode appliquée à la psychologie ne saurait donc être qu’un compromis entre la méthode introspective et la méthode physiologique.

La méthode introspective, par elle-même, ne peut rien nous apprendre sur l’objectif organique, concomitant de tous les faits mentaux. « Le monde est ma représentation », a dit Schopenhauer ; l’encéphale, la moelle épinière, le grand sympathique et ses ramifications infinies,