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positivisme veut embrasser la réalité tout entière, accepter l’esprit et l’histoire, apprécier partout les forces vivantes avant les résultats, il s’élèvera bien au-dessus du positivisme, qui se fonde sur l’expérience immédiate : il s’éloignera du positivisme de Comte, mais il pourra unir à la critique des doctrines une grande estime pour le puissant penseur qui s’est proposé un tel but.

F. Picavet.

W. M. Salter. Die Religion der Moral. Vom Verfasser genehmigte Uebersetzung hgg. von G. von Gizycki, Leipzig und Berlin, W. Friedrich.

Ce livre est un recueil de conférences faites à Chicago à la Société pour la culture morale. Gizycki, qui le présente, traduit par plusieurs personnes, aux lecteurs allemands, croit que la religion n’a jamais été exposée d’une façon aussi claire et pense qu’il sera également bien accueilli de ceux auxquels il donnera une conscience plus nette de leur croyance, et de ceux qui ne seront pas satisfaits des idées religieuses de l’auteur. Un Allemand, ajoute-t-il, qui connaît les doctrines morales, croirait qu’il a affaire à un compatriote, et cependant Salter est un Américain d’origine anglaise, mais il a subi l’influence de Kant. Disciple d’Adler, le fondateur de la première Société morale aux États-Unis, il a établi à Chicago une Société complètement indépendante de celle de New-York, qui a pour but, en se tenant en dehors des Églises chrétiennes ou juives, en se consacrant exclusivement à la réforme morale et sociale, de servir avant tout la cause du bien.

L’ouvrage contient quinze chapitres, qui ont pour objet : I, La religion de la morale ; II, L’élément idéal en morale ; III, Philipps, un exemple de la morale idéale ; IV, L’action morale ; V, Y a-t-il une loi suprême ? VI, Y a-t-il quelque chose d’absolu en morale ? VII, La morale de Jésus, VIII, La morale de Jésus est-elle satisfaisante pour notre époque ? IX, Succès et insuccès du protestantisme ; X, Pourquoi l’unitarisme ne nous satisfait pas ; XI, L’idéal social ; XII, Le problème de la pauvreté ; XIII, La base du mouvement éthique ; XIV, Discours prononcé au premier anniversaire de la Société pour la culture morale ; XV, Examen des objections contre le mouvement moral.

Exposons brièvement, pour faire connaître l’esprit de ce livre, qui a eu un certain succès en Amérique et en Allemagne, quelques-unes des idées les plus caractéristiques de l’auteur. Le Dieu auquel, dit-il, croient la plupart des chrétiens et même des Juifs, le Dieu qui pense et aime comme les hommes, qui forme un plan et s’en repent, qui se laisse déterminer par la prière, le Dieu qui n’est qu’une projection et une image agrandie du moi humain, n’est qu’une illusion, car en fait ce n’est qu’une création de l’imagination prise pour une vérité, une fable qui