Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXVI, 1888.djvu/617

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
607
ANALYSES.g. lyon. L'idéalisme en Angleterre, etc.

inébranlables ? Tel est actuellement le but commun des zoologistes, du moins de ceux qui pensent que la raison humaine est capable d’entrevoir la vérité sur ces problèmes. Le livre de M. Perrier nous montre qu’aucun de ces efforts n’a été stérile ; il établit quelle fut la part de chacun dans les résultats acquis : il nous fait partager enfin la confiance profonde et légitime de l’auteur dans le succès définitif.

Félix Bernard.

Georges Lyon.L’idéalisme en angleterre au xviiie siècle, in-8o, Paris, Alcan, 1888.

Ce remarquable ouvrage se distingue par le double mérite de l’exposition et de l’expression. La foi idéaliste de l’auteur donne un intérêt soutenu à cette série de chapitres dont chacun nous présente, sous des aspects et avec des développements différents, une doctrine qui lui est chère. L’intérêt, déjà grand quand il s’agit de personnages tels que Descartes, Malebranche, Berkeley, Hume, est plus vif peut-être là où M. Lyon nous fait part de ce qu’on pourrait appeler ses découvertes. Le mot ne paraîtra pas trop fort si l’on songe que, dans ce livre, des idéalistes[1] comme Burthogge, Norris, Collier, Johnson, Edwards, dont les noms presque seuls nous étaient jusqu’ici connus, sont étudiés avec une abondance d’informations puisées aux sources les plus directes. M. Lyon n’a pas craint d’aller consulter sur les lieux mêmes les manuscrits de quelques-uns de ces auteurs ; il s’est procuré, non sans peine, des exemplaires à peu près introuvables, et nous a restitué ainsi un des chapitres importants de l’histoire de la pensée moderne. C’est un service dont on ne peut lui savoir trop de gré.

Je ne voudrais pas répondre que M. Lyon ait su toujours se défendre d’une tendresse excessive à l’égard de ces idéalistes, presque ignorés avant son livre, et qui lui devront le bénéfice d’une notoriété tardive. Avec la meilleure volonté du monde, je ne puis me résoudre à ne pas trouver Burthogge et Collier quelque peu surfaits. Voici, par exemple, une assertion de Burthogge qui me déconcerte : La substance en soi est un attribut qui appartient à quelque chose d’autre. M. Lyon l’enregistre sans observation, et semble y voir, avec son auteur, un puissant argument en faveur de l’idéalisme. Par exemple, encore, Collier affirme que, quand Apelle se figure un centaure, il voit hors de lui la bête fabuleuse dont il trace le portrait, et M. Lyon n’y contredit pas. C’est là pourtant une affirmation bien gratuite et que dément le témoignage immédiat de la conscience. En général, M. Lyon nous paraît accepter un peu trop facilement comme valables des arguments idéalistes dont

  1. Nous devons avertir que nous entendons ici par idéalistes les philosophes qui nient la réalité objective du monde antérieur.