Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXVI, 1888.djvu/560

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
550
revue philosophique

pour leur développement, exigent une fécondation par un élément mâle produisent deux globules polaires. Au contraire, dans les espèces parthénogénésiques, c’est-à-dire capables de se reproduire sans fécondation, les œufs ne produisent qu’un seul globule polaire. Ce sont là des résultats tout récents des recherches de Blochmann[1] confirmées bientôt après par Weismann[2]. Voyons d’abord comment il faut interpréter les deux globules polaires produits par un œuf fécondable. Ces deux globules, d’après l’auteur, n’ont pas la même signification. Le noyau de l’œuf contient deux plasmas différents ; d’abord il renferme un plasma spécialisé, un idioplasma comme toute cellule de l’organisme ; c’est ce plasma qui fait que la cellule est un œuf et non un autre élément. Cet idioplasma de l’œuf s’appelle plasma histogène ou ovogène ; il tient sous sa dépendance toutes les parties que l’œuf forme dans l’ovaire, le vitellus et la membrane vitelline. En outre, le noyau de l’œuf renferme une substance germinative qui lui permet de se développer en un embryon complet. Dans l’œuf ovarien, ces deux plasmas n’ont pas la même puissance ; il y en a un qui prédomine et tient en quelque sorte l’autre en échec : c’est le plasma ovogène ; en effet, il faut d’abord que l’œuf soit un œuf ; ensuite, pour que l’œuf se développe, il faut que le plasma ovogène en soit expulsé, afin que le plasma germinatif y subsiste seul et soit maître de la place. L’expulsion du plasma ovogène a lieu dans le premier globule polaire.

Quelle est maintenant la signification du second globule polaire ? Pour Weismann, il est inexact de dire que l’œuf renferme au moment de la fécondation une substance mâle provenant du spermatozoïde et une substance femelle provenant de l’œuf. C’est ce qu’admettent Balfour, O. Hertwig, van Beneden, et la plupart des embryologistes. En réalité, les choses présentent plus de complication, comme Strasburger le premier l’a mis en relief[3].

Il est d’observation vulgaire que le fils peut ressembler à sa grand’mère paternelle, et la fille à son grand-père maternel. Comment peut-on expliquer ce fait ? Dans la fécondation, chaque noyau sexuel provient des deux parents : le noyau du père par exemple provient du grand-père et de la grand’mère paternels ; le noyau de la mère provient du grand-père et de la grand’mère maternels. Le fils reçoit du père non seulement des éléments mâles, mais des éléments femelles ; le pronucleus fourni par le père doit contenir des

  1. Biologisches Centralblatt, t.  VII, No 4, 1887.
  2. Ueber die Zahl der Richtungs-Körper und über ihre Bedeutung für die Vererbung, 1887.
  3. Loc. cit., p. 154.