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kinèse ; ils forment un peloton qui se raccourcit et devient plus épais ; puis ce ruban se divise en deux segments, qui se plient de façon à former des anses. Il se produit ainsi deux anses dans le pronucleus mâle et deux anses dans le pronucleus femelle. Puis les deux anses mâles se rapprochent des deux anses femelles, de manière à former une sorte d’étoile à huit branches dirigées vers la périphérie de l’œuf (plaque nucléaire ou équatoriale).

À tout nouveau stade équatorial des divisions subséquentes de l’œuf, on voit réapparaître ces quatre anses, de sorte qu’il n’y a jamais de fusion entre l’élément mâle et l’élément femelle. Chacune des quatre anses chromatiques primitives se partage par division longitudinale en deux anses secondaires, d’où il résulte deux demi-plaques équatoriales, formées chacune de quatre anses secondaires, dont deux proviennent du pronucleus mâle et deux du pronucleus femelle. Chacun des deux noyaux nouveaux contient ainsi un certain nombre d’anses chromatiques mâles et femelles, et présente par conséquent une constitution hermaphrodite. Les mêmes phénomènes se répétant à chaque nouvelle division des cellules de l’embryon, toutes les cellules de celui-ci sont hermaphrodites ; les œufs et les spermatozoïdes le sont également ; ils ne deviennent unisexués que lorsque les premiers ont expulsé leur élément mâle (les globules polaires), et les seconds leur élément femelle, ainsi que nous l’avons exposé plus haut.

Ainsi, pour van Beneden, la fécondation consiste essentiellement dans la présence de deux noyaux, l’un mâle et l’autre femelle, dans l’œuf ; la conjugaison des deux noyaux est un phénomène sans importance ; elle peut avoir lieu ou manquer. La signification physiologique de la fécondation est un processus de rajeunissement dans lequel l’œuf remplace son élément mâle ancien par un élément mâle nouveau, le spermatozoïde[1].

VI

Il nous reste à exposer les idées de Weismann sur l’interprétation des phénomènes précédents, la formation des globules polaires et la fécondation. Nous devons d’abord définir quelques termes, et particulièrement celui d’idioplasma, qui intervient souvent dans les théories modernes de l’hérédité.

  1. Recherches sur la maturation de l’œuf, la fécondation et la division cellulaire, Archives de biologie, t.  IV, 1883. — Nouvelles recherches sur la fécondation et la division mitosique chez l’Ascaride du cheval, Bulletins de l’Académie royale des sciences de Belgique, 3e série, t.  XIV, 1887.