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BALBIANI.de la génération et de l’hérédité

forme de bâtonnets, qui sont constitués chacun par une série linéaire de globules. Les bâtonnets ne sont pas seulement rapprochés les uns des autres, mais ils sont reliés entre eux de toutes les façons par des filaments de chromatine. Il y a dans chaque système deux bâtonnets supérieurs et deux bâtonnets inférieurs ; c’est la paire supérieure de chaque système qui en sortant de l’œuf forme le premier globule polaire. Ensuite les deux bâtonnets inférieurs exécutent une rotation égale à un angle droit, de sorte que l’un des bâtonnets devient supérieur par rapport à l’autre, et est expulsé ; il forme le second globule polaire ; la portion du fuseau qui reste dans l’œuf se transforme ensuite en noyau femelle. Ainsi, dans chaque groupe, des 4 bâtonnets qui formaient le système chromatique de l’œuf, 3 sont expulsés. Il en résulte que, dans le type Carnoy, où il y a deux groupes de bâtonnets, le nombre des bâtonnets expulsés est de 6.

Il résulte de ces faits que la formation des globules polaires consiste dans une véritable karyokinèse ; il y a séparation entre les éléments chromatiques et la division se fait perpendiculairement au grand axe du fuseau. Donc la formation des globules polaires n’est pas, comme le veut van Beneden, un phénomène sui generis.

Arrivons maintenant aux opinions de van Beneden sur la fécondation.

Nous avons vu que, d’après des théories encore récentes, puisqu’elles datent seulement de 1875, la fécondation consistait simplement dans la conjugaison de deux noyaux. Il y avait quelque chose d’obscur dans cette idée si simple. Si les noyaux étaient des vésicules comme des bulles de savon, elles pourraient se crever l’une dans l’autre ; mais le noyau contient un grand nombre d’éléments différenciés, le réseau chromatique, le suc nucléaire, les nucléoles, etc. Que deviennent tous ces éléments pendant la conjugaison des deux noyaux ? En 1881, Flemming fit faire un nouveau pas à la question ; il précisa la nature de la fusion des deux organes en constatant qu’elle consistait dans le mélange de leur substance chromatique ; c’est ce qu’il observa sur l’œuf des Échinodermes[1].

D’après van Beneden, il n’y a pas de fusion du tout entre les deux pronucleus ; ils restent toujours distincts. Chaque noyau parcourt isolément toutes les phases de la karyokinèse, quand l’œuf fécondé se divise. Sous ce rapport, les observations récentes de M. Balbiani donnent raison à l’opinion de van Beneden contre ses contradicteurs Carnoy, Zacharias, etc. On voit d’abord dans chaque pronucleus les deux réseaux présenter les premières phases de la karyo-

  1. Archiv f. mikrosk. Anat., t.  XX, 1881.