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L’élément mâle arrivé à maturité s’appelle le spermatozoïde. Tout spermatozoïde de mammifère présente trois parties distinctes : 1o la partie antérieure, ou la tête ; 2o un bâtonnet assez gros, la pièce médiane, qui fait suite à la tête ; 3o un filament grêle, la queue, qui fait suite à la pièce médiane. Presque partout, dans le règne animal, le spermatozoïde se compose de ces trois parties. D’ailleurs toutes les variations morphologiques que présente cet élément n’ont aucun intérêt au point de vue de la question qui nous occupe.

À quels éléments histologiques correspondent ces différentes parties du spermatozoïde ? Les recherches modernes ont montré que la tête du zoosperme, qui seule joue un rôle actif dans la fécondation, est formée par le noyau de la cellule aux dépens de laquelle il se développe. Ce mode de développement du spermatozoïde a été mis hors de doute par les observations de Flemming sur la Salamandre maculée. Les cellules mères des spermatozoïdes, ou spermatides, possèdent un gros noyau qui contient un réseau chromatique compliqué. Ce noyau s’allonge ; son réseau se resserre et se condense ; puis l’allongement devient un corps filiforme où il n’y a plus trace de réseau. Ce corps filiforme constitue la tête lancéolée du spermatozoïde adulte. Cette tête paraît être constituée par une substance homogène, et on n’y découvre pas trace de réseau, mais elle fixe les matières colorantes, ce qui prouve qu’elle contient de la chromatine.

Ces détails de structure suffisent pour montrer que les éléments sexuels, au moment de la fécondation, ont la valeur de cellules. Par conséquent, la fécondation se rapproche de la conjugaison ; elle consiste, comme la conjugaison, dans une fusion de deux cellules. Seulement, la fécondation présente ce caractère propre que la cellule femelle a besoin de se préparer à la fécondation. Les phénomènes par lesquels l’œuf prélude à la fécondation, et qui mettent le sceau à sa maturation, consistent dans la formation des cellules polaires (appelées aussi globules polaires, vésicules directrices).

Il ne faut pas confondre les cellules polaires avec les éléments décrits sous le même nom chez les Diptères ; nous avons vu que l’œuf fécondé des Diptères produit en se segmentant les cellules sexuelles primitives, appelées à tort, par Robin, globules polaires ; ce sont là de faux globules polaires qui se distinguent, entre autres caractères, de ceux que nous allons décrire en ce qu’ils suivent la fécondation, au lieu de la précéder. D’ailleurs, Blochmann a découvert, en 1887, chez les Insectes eux-mêmes, les globules polaires vrais, qui se forment avant la fécondation ; ces éléments se distinguent des faux globules polaires, ou cellules sexuelles primitives, en