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BALBIANI.de la génération et de l’hérédité

IV

Nous venons de voir le mode de formation des cellules sexuelles dans l’embryon ; nous sommes obligés de passer sous silence toute l’histoire du développement de l’organisme, et d’arriver à l’époque où, le développement étant terminé, la fécondation intervient. Les cellules sexuelles, pendant ce long espace de temps, ont subi d’importants changements.

Examinons d’abord les œufs, ou cellules différenciées en éléments femelles. Prenons comme exemple l’œuf d’un Mammifère ; il est composé de trois parties : 1o une enveloppe, ou membrane vitelline ; 2o au-dessous, la masse du protoplasma, qui s’est augmentée de matières nouvelles destinées à la nutrition de l’embryon : c’est le vitellus ; 3o à l’intérieur du vitellus, le noyau de l’œuf mûr, ou vésicule germinative. Cette vésicule germinative ne se distingue pas d’une façon très remarquable du noyau des autres cellules. Elle est entourée d’une membrane parfaitement distincte et isolable, la membrane du noyau. Dans l’intérieur de cette membrane, on distingue un réseau de filaments, qui existe dans presque toutes les cellules ordinaires ; on l’appelle réseau chromatique, en raison de la propriété qu’a la substance qui le forme de fixer les réactifs colorants. Ce réseau joue un rôle important dans les phénomènes de la fécondation. Il est formé de filaments qui circonscrivent des mailles ; ces mailles sont remplies par une substance liquide, homogène, le suc nucléaire, dont la composition chimique n’est pas encore bien connue ; on sait seulement que ce suc ne se colore pas quand on le traite par les réactifs colorants. On a appelé chromatine la substance du réseau qui se colore ; elle est formée d’une matière albuminoïde particulière, qui renferme beaucoup de phosphore, et qui a reçu le nom de nucléine. Ces deux noms, chromatine et nucléine, sont donc synonymes. On trouve encore dans l’intérieur du noyau des corps arrondis, réfringents, qui ne se colorent pas comme le réseau : ce sont les nucléoles. Il existerait même, d’après quelques auteurs, des nucléoles de plusieurs espèces. On a dit encore que le noyau contient un second réseau qui ne se colore pas, le réseau achromatique, et renfermant le suc nucléaire dans ses mailles. Mais le fait n’a pas été démontré[1].

  1. Nous résumons ici les recherches de Flemming, Carnoy, Pfitzner. — Voy. le travail de van Bambeke, Etat actuel de nos connaissances sur la structure du noyau à l’état de repos, 1885.