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les grandes cellules de l’épithélium germinatif émigrent dans la profondeur pour former les cellules mâles, ou si ces cellules proviennent directement du stroma de la glande.

Les faits précédents se prêtent à quelques considérations générales sur deux points : 1o La variété des rapports entre les cellules sexuelles et l’embryon ; le feuillet qui fournit les cellules sexuelles primitives n’est pas le même chez tous les animaux. Le feuillet peut être l’ectoderme, le mésoderme ou l’endoderme. Chez les Diptères, les cellules sexuelles primitives naissent avant la formation des feuillets, et se rattachent directement à l’ovule. 2o La date du développement des cellules sexuelles. Ce développement peut être très précoce ou très tardif ; il est très précoce chez les Diptères, où la première segmentation de l’ovule fécondé donne lieu à des cellules sexuelles ; il est très tardif chez les Vertébrés, où les cellules sexuelles apparaissent quand l’embryon est déjà en possession de ses principaux organes.

La conclusion qui ressort des faits précédents, c’est que, dans le développement de tout animal, les cellules se subdivisent, tantôt de bonne heure, tantôt plus tard, en deux groupes indépendants, le groupe somatique et le groupe sexuel. Les cellules de ce dernier groupe restent isolées ; elles se divisent chacune à part ; elles ne se réunissent pas entre elles, comme les cellules somatiques, pour former des tissus et des organes. Dans tout animal pluricellulaire, l’organisme renferme les deux types de l’animalité : un type protozoaire, représenté par les cellules sexuelles, et un type métazoaire, représenté par les cellules corporelles. Le type métazoaire, qui constitue l’individu, est incapable de se multiplier par lui-même ; il ne peut pas propager son type à travers le temps ; il est destiné à périr. Au contraire, le type protozoaire est immortel, car il revit dans ses produits de division, comme un Infusoire qui se divise. On peut, suivant l’ingénieuse image de Nussbaum, comparer les cellules sexuelles à une souche vivace, dont les individus isolés, après une existence plus ou moins éphémère, se détachent comme les feuilles se détachent de l’arbre qui les porte. Le type protozoaire est représenté par la souche ; le type métazoaire est représenté par les feuilles qui ne peuvent pas se reproduire et se flétrissent au bout d’un certain temps. Les cellules sexuelles ont des conditions d’existence qui assurent leur pérennité. Une des plus importantes est la fécondation.