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BALBIANI.de la génération et de l’hérédité

raît un feuillet intermédiaire, le mésoderme, qui existe chez presque tous les Métazoaires. Chacun de ces feuillets donne naissance, par un travail de différenciation progressive, à un ou plusieurs systèmes organiques. Qu’on prenne un mammifère, un oiseau, un mollusque, un cœlentéré, on voit toujours un même feuillet donner naissance aux mêmes organes, dans une espèce déterminée.

Du feuillet externe proviennent la peau et ses annexes, le système nerveux, les organes des sens. Du feuillet interne, l’épithélium du tube digestif et des glandes annexées. Le feuillet moyen donne naissance à tout le reste, et notamment à l’appareil uro-génital. Cette corrélation entre chaque feuillet et les organes qui en dérivent s’appelle la loi d’homologie des feuillets ; elle ne souffre d’exception que dans certains types inférieurs d’invertébrés.

Cette loi se soutient-elle aussi pour la formation des cellules sexuelles ? Avant de répondre à cette question, il faut faire une distinction entre la cellule sexuelle (ovule, spermatozoïde) et l’organe sexuel (testicule et ovaire). L’organe sexuel peut provenir d’un feuillet, et la cellule sexuelle provenir d’un autre feuillet. L’organe peut apparaître à un stade différent de celui où se forme l’élément sexuel. Presque toujours les cellules sexuelles précèdent de beaucoup la formation de l’organe.

Relativement à son état sexuel, l’embryon parcourt, pendant son développement, trois périodes successives : 1o une période asexuée, pendant laquelle on ne trouve pas trace de cellules sexuelles ; 2o une période d’indifférence sexuelle, pendant laquelle les cellules sexuelles se sont déjà formées, mais ne se différencient pas encore en cellules mâles et cellules femelles. En effet, avant de se différencier entre elles, les cellules sexuelles présentent des caractères morphologiques qui les distinguent des cellules somatiques. Ce sont de grosses cellules, contenant un noyau clair, volumineux, réticulé. Dans les organismes inférieurs, elles sont douées de mouvements amiboïdes, et se déplacent au milieu du corps de l’animal comme des animaux à vie indépendante. Quelquefois, mais plus rarement, la cellule sexuelle grossit et évolue dans le lieu même où elle a pris naissance. Les premières cellules sexuelles se multiplient rapidement par division successive, et forment de petits groupes, de petits nids. 3o Enfin, l’embryon atteint une troisième période, la période sexuée, où son sexe se trouve déterminé par la différenciation des cellules en mâles et femelles. Ces cellules peuvent être portées en un même individu (hermaphrodisme) ou sur deux (dioïcité).

Le mode et le moment d’apparition des cellules sexuelles présentent un grand nombre de variétés. Les trois feuillets peuvent donner