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toute opinion particulière de saint Thomas ; avant comme après la bulle, il est permis de l’attaquer et on ne doit le suivre qu’aussi longtemps qu’il s’accorde avec la vérité, qu’aussi loin que le portent les principes de la vérité desquels nous sommes convaincus. Il ne s’agit pas enfin exclusivement de rajeunir la philosophie du moyen âge : il faut la faire dominer ou tout au moins y unir les domaines limitrophes, il faut que chacun se mette à l’œuvre, que le spéculatif, le savant, l’historien, le linguiste, le critique fournissent leur pierre au dôme élevé de la science chrétienne en prenant pour devise : In dubii libertas, in necessariis unitas, in omnibus caritas.

J. A. Endres. La vie et la doctrine psychologique d’Alexandre de Hales. — Après l’Histoire littéraire de la France et Hauréau, après Werner et Simar qui ont étudié chez Alexandre de Hales la doctrine de l’âme et celle du savoir, Endres entreprend de faire connaître la vie et la psychologie du célèbre franciscain. Il expose successivement, dans deux articles qui seront suivis d’une conclusion : 1o la vie ; 2o la théorie de l’âme, qui comporte l’examen de l’essence de l’âme et des forces qui la constituent.

J. Pohle. Sur la signification objective de l’infiniment petit comme fondement philosophique du calcul différentiel. — Pohle se demande si l’infiniment petit n’est qu’un être de raison, un pur rien. Pour prouver la réalité de l’infiniment petit, il emploie d’abord un argumentum a minori ad majus : il n’est pas douteux, dit-il, que les surfaces, les lignes et les points, conçus comme des limites géométriques (Grenzgebilde), ne sont pas simplement des êtres de raison, mais des choses objectivement données ; or une quantité beaucoup plus grande de réalité appartient à l’infiniment petit ; par conséquent l’infiniment petit a de la réalité. Puis considérant les différentes classes d’êtres rationnels ou de choses pensées (Gedankendingen), il soutient que l’infiniment petit ne se range dans aucune d’elles. Il conclut ensuite que la preuve métaphysique de la signification objective de l’infiniment petit a pour les mathématiques supérieures une importance considérable et durable, car non seulement elle nous éclaire sur la fécondité inépuisable et la portée très grande (Allseitigkeit) du calcul différentiel et intégral, mais elle nous fait saisir encore la vérité et la certitude de leurs principes, elle enrichit à la fois le mathématicien et le philosophe.

J. Pohle. De la statistique de la littérature philosophique en 1887. — Pohle, qui cite les ouvrages de Charles, de Legouez, de Carrau, de Paul Janet, de Chaignet, de Brochard, de Regnaud, de Ferrière, de Nourrisson, de Pluzanski, de Mme J. Favre, de Bourniol sur les miracles, mais qui oublie bon nombre de travaux français et non peut-être les moins importants, affirme que la philosophie française est moins étroite, moins circonscrite que la philosophie anglaise, qu’elle est plus encyclopédique et aphoristique, qu’elle se perd dans toutes les directions, qu’elle reflète directement la nature volage (flatterhafte) mais