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REVUE DES PÉRIODIQUES ÉTRANGERS


Philosophisches Jahrbuch.

1888. Bd. 1. H. 1 et 2.

Gutberlet. Le rôle de la philosophie chrétienne au temps présent. — La fondation de notre Revue, dit l’auteur qui en est un des deux éditeurs, ne tombe pas dans des moments de calme. La spéculation, depuis qu’elle a cessé de se laisser guider par la révélation divine, s’est fractionnée en écoles qui se combattent avec le plus grand acharnement, mais qui font une guerre plus terrible encore à la philosophie chrétienne. Aussi ne pouvons-nous, comme en temps de paix, nous borner à prendre le trésor des vérités philosophiques que nous a laissées le passé, à le transmettre après l’avoir augmenté aux générations futures. Il faut étendre les constructions sur le fondement établi par nos pères, mais avoir l’épée d’une main pendant que nous construisons de l’autre. Sans doute il serait à souhaiter que par la guerre nous arrivions à un développement de la spéculation ; mais nous devons en tout cas provoquer les efforts de nos adversaires et protéger par de nouveaux remparts, mieux en état de tenir contre les armes d’à présent, les fondements établis par nos prédécesseurs ; nous devons continuer et développer ce qu’ils ont fait, donner à leur construction une organisation intérieure qui réponde aux revendications légitimes de la science nouvelle.

Nous profiterons même des travaux de nos adversaires, nous les ferons servir au moins à l’achèvement et à l’ornementation de notre ouvre, peut-être même, comme cela a eu lieu déjà pour certaines doctrines historiques ou naturelles, réussirons-nous à les introduire comme parties intégrantes dans l’organisation de notre science. Nous ne négligerons pas d’égaler nos adversaires par la rigueur de la méthode, la pénétration de la critique, par le soin à recueillir les données de l’expérience, pour ne pas nous laisser objecter que nous voulons combattre, avec un arc et des flèches, des adversaires pourvus de canons et de bombes à la dynamite.

Si nous examinons la philosophie, l’histoire, les sciences naturelles, nous voyons qu’elles combattent toutes contre nous. Mais tout vrai progrès dans les sciences sera avantageux à la philosophie qui ne sera ni fragmentaire (einseitig), ni exclusive. La science moderne a pour idéal d’expliquer mécaniquement tous les phénomènes de la vie organique, de la vie psychique, intellectuelle et accompagnée de liberté : sans doute tout n’est pas mécanisme, mais quelquefois on a revendiqué pour les âmes ou attribué à l’influence nécessaire d’une intelligence plus haute certaines choses qui sont, comme l’a montré la science,