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ANALYSES.l. bresson. Etudes de sociologie, etc.

toute la philosophie de Comte, celle de Spencer, et même une partie des théories de Stuart Mill.

Dans quatre chapitres préliminaires de considérations générales, l’auteur nous expose la classification, les conditions, la méthode des sciences positives, et la place qu’occupe parmi elles la sociologie, qu’il considère comme le but et le couronnement de toutes ces sciences ; enfin l’idée générale de l’évolution qui les domine.

Dans la 2e partie (Evolution intellectuelle), l’auteur, suivant la célèbre théorie de Comte, esquisse la triple évolution mentale religieuse ou théologique, philosophique ou métaphysique, scientifique ou positive. Histoire de la religion, histoire de la philosophie, histoire de la science, voilà ce que nous avons en 150 pages.

L’évolution sociale est l’objet d’une 3e partie, de beaucoup la plus étendue, où l’auteur résume la sociologie de Spencer complétée sur certains points, modifiée sur d’autres par la Politique positive de Comte.

Enfin la dernière partie traite de l’évolution morale, suivant un plan qu’on peut trouver ici assez arbitraire et toujours emprunté à la théorie des « trois états » : morale religieuse, morale métaphysique, morale positive.

Disons-le tout de suite pour expliquer, nous allions dire pour excuser un aussi énorme programme : M. Bresson n’a pas eu d’autre ambition, il le déclare dans sa préface, que de faire une œuvre de vulgarisation ; il ne prétend à aucune originalité. Nous devons prendre l’ouvrage comme il nous est donné ; et nous reconnaîtrons qu’il présente la plupart des qualités nécessaires à un semblable travail. Les divisions, quelquefois discutables, sont toujours nettes ; le style est clair, simple, serré, et au total l’ouvrage se lit avec facilité et même avec plaisir. Il peut donner à ceux qui n’ont pas le temps ou la patience de lire les Principes de sociologie, le Cours de philosophie positive et le Système de politique positive, une connaissance approximative de ce qu’ils renferment de plus important. L’auteur a su condenser en un espace relativement restreint une quantité considérable de notions intéressantes pour un semblable lecteur.

Maintenant, il faut bien reconnaître aussi ce qu’a de nécessairement assez superficiel une compilation de ce genre. La marche de l’auteur est assez assurée tant qu’il s’inspire directement de ses principaux guides, Comte, Spencer, Mill ; mais sur les points où ils lui font défaut, on sent trop que M. Bresson s’est contenté des connaissances très insuffisantes qu’il pouvait tirer des livres estimables sans doute, mais de seconde main, auxquels il a eu recours au lieu de puiser aux sources. C’est ainsi que son esquisse de l’histoire de la philosophie (IIe partie, ch.  VI) et de celle de la morale philosophique (vie partie, ch.  xviii) nous paraissent les chapitres les plus faibles du livre. Justifions seulement par quelques traits cette appréciation : le γνῶθι σεαυτόν reçoit une interprétation psychologique, alors qu’il a une portée essentiellement dialectique et critique ; Zénon (le stoïcien) est donné comme dualiste et