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UNE ASSOCIATION INSÉPARABLE

L’AGRANDISSEMENT DES ASTRES À L’HORIZON


On a indiqué[1] plusieurs des causes qui exagèrent le diamètre apparent du soleil et de la lune à l’horizon, mais non sans doute de manière à rendre un compte suffisant de cette illusion invincible ; car chacune de ces causes n’a de valeur qu’en entrant dans un système d’expériences généralisées : c’est cette intégration même qu’il importe surtout d’étudier.

Quoi qu’on pense d’ordinaire, l’erreur ne dépend nullement de conditions astronomiques, physiques ou physiologiques ; elle est toute psychologique.

D’abord, l’erreur ne dépend pas de causes extérieures à nous :

Au zénith, la lune est, en moyenne, plus rapprochée de nous qu’à l’horizon ; la distance qui nous en sépare est diminuée d’un rayon terrestre, un soixantième environ de la distance totale ; l’astre devrait paraître plus gros. — À la faveur des mots qui permettent souvent d’épargner les idées, sept ou huit personnes sur dix se contentent encore, pour sortir d’embarras, de nommer la réfraction ; mais la réfraction, en relevant davantage le bord inférieur, aplatit le disque lumineux sans l’élargir, elle le diminue. — Ce n’est pas tout ; la lune à l’horizon est rougie[2], son intensité lumineuse est moindre. Or en chauffant deux sphères métalliques égales, l’une au rouge sombre, l’autre jusqu’au blanc, en les plaçant au même niveau, et à une distance égale de l’observateur, la première semble moins volumineuse que la seconde : l’irradiation agrandit les objets. Ainsi tout devrait contribuer à amoindrir la lune à l’horizon.

L’erreur ne dépend pas non plus de nos organes :

On a prétendu[3] que, si la tête est levée, la pesanteur rapproche le

  1. Voyez, dans le numéro de juillet de la Revue philosophique, l’article de M. G. Léchalas.
  2. On sait que la couche d’air plus épaisse et les vapeurs atmosphériques ne laissent point parvenir jusqu’à nous les rayons les plus réfrangibles.
  3. M. Léchalas hasarde cette supposition, pour expliquer quelques-unes des expériences que M. Stroobant a communiquées à l’Académie de Belgique. D’ailleurs il reconnaît lui-même, avec M. Dunan, que, dans le cas qui nous occupe, « la perception d’une distance est fondée sur autre chose que l’état de l’œil » (p. 55, note 2).