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notes et discussions

verses verses parties. Le champ de la représentation est formé par une synthèse des champs visuels. Tout d’abord, on a étudié le champ oculaire, qui comprend l’espace visible pour l’œil en mouvement dans l’orbite ; si on fait entrer en ligne de compte les mouvements de la tête et du corps tout entier, le champ s’agrandit encore. Tout espace qui est plus grand que le champ visuel est le champ de la représentation, car ne pouvant pas être connu que par des perceptions successives, il suppose la mémoire, c’est-à-dire la faculté de représentation.

On comprend qu’un même objet peut occuper une position différente dans ces deux champs. Par exemple, voici un point qui est situé en face de nous ; il pourra occuper, suivant la position de notre regard, le milieu du champ visuel, ou la droite, ou la gauche ; et son image pourra se faire tantôt sur la tache jaune de la rétine, tantôt sur la moitié droite, tantôt sur la moitié gauche. Cependant, malgré ces changements de position de l’image sur notre rétine, et de l’objet dans le champ de la vision, nous continuerons à extérioriser cet objet au même point relativement à notre corps.

Ainsi, il se produit dans ce cas une double localisation et la seconde corrige la première. La première localisation se fait dans le champ visuel ; elle est déterminée par le siège de l’image rétinienne, par ce qu’on appelle le signe local de cette image. La seconde localisation se fait dans le champ de la représentation ; elle est déterminée d’abord par la première localisation, et ensuite par un second facteur, qui consiste dans la connaissance que nous avons du mouvement exécuté par notre œil. La première localisation est rétinienne, la seconde est musculaire.

On comprend donc qu’un individu puisse, avec une moitié de rétine, projeter et localiser les images des objets dans toutes les directions possibles, pourvu que l’œil soit mobile. C’est d’ailleurs ce que fait tout individu normal ; car on ne se sert pour la vision que de la tache jaune, qui représente à peine la 1500e partie de la surface totale de la rétine. M. X… fait avec sa moitié de rétine ce que chacun de nous fait avec sa tache jaune.

Ainsi, chez ce malade, le champ visuel est gravement atteint, tandis que le champ de la représentation est conservé à peu près intact. Nous croyons donc qu’il est légitime de proposer aux psychologues de faire une distinction radicale entre ces deux espèces de champs.

Dernière question. Pourquoi M. C… n’arrive-t-il pas à faire subir la même extériorisation à une image consécutive qu’à une image du souvenir ? Pourquoi ne peut-il pas, par exemple, projeter dans la moitié latérale droite de son champ visuel l’image consécutive, tandis qu’il le fait si facilement pour le souvenir d’un objet quelconque ? Ceci tient précisément à la nature de l’image consécutive. Elle fait partie intégrante du champ visuel, parce qu’elle se déplace avec les mouvements de l’œil ; par conséquent, on ne peut pas la localiser dans le champ de la représentation comme un objet ayant une position fixe. Il est facile