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DE LA CAUSE EN PHYSIQUE


Le problème des causes est, peut-être, celui qui a donné lieu au plus grand nombre de controverses. Aristote reconnaissait quatre sens au mot cause. Elle peut être, suivant lui, essentielle (ou formelle), matérielle, motrice, finale. Depuis Kant la question s’est encore compliquée, parce que ce philosophe a introduit une nouvelle manière de considérer la cause. Il fonde son principe sur la loi de succession du temps : il donne une formule qui s’applique à tous les phénomènes possibles. La théorie de Kant ne résout pas la question : elle traite de toute autre chose que de la cause en physique.

Nous allons, dans cette étude, nous efforcer de préciser le problème, rechercher ce qu’on entend réellement par le mot cause en physique, déterminer, avec autant de netteté que possible, les lois de la causalité dans les sciences naturelles.

I

Il est assez difficile de trouver dans les œuvres des savants une bonne définition de la cause, bien qu’on en parle continuellement. Nous lisons dans Poisson une très curieuse exposition que nous croyons devoir signaler[1] : « La cause propre d’une chose E est une autre chose C, qui possède une puissance de produire nécessairement E, quelle que soit d’ailleurs la nature de ce pouvoir et la manière dont il s’exerce. Ainsi, ce que l’on appelle attraction de la terre est une certaine chose qui a la puissance de faire tomber les corps, situés à la surface du globe, dès qu’ils ne sont pas soutenus ; et, de même, dans notre volonté, réside un pouvoir de produire, par l’intermédiaire des muscles et des nerfs, une partie des mouvements, que l’on appelle, pour cette raison, mouvements volontaires. »

  1. Probabilité des jugements.