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de mouvement très divers, malgré l’identité de leurs effets, ne peuvent pas agir de la même manière sur des nerfs sensibles » (79).

L’augmentation du poids, nécessitant une augmentation de force, se traduit d’ailleurs dans le muscle, comme on peut s’en convaincre en mesurant ce muscle. La sensation, d’autre part, ne présente pas de différences qualitatives selon que la contraction musculaire augmente par accroissement du poids ou de l’étendue du mouvement ; seule l’intensité est modifiée, si par exemple, le bras étant courbé à angle droit, on vient placer un poids dans la main d’abord vide. Une des raisons qui nous font attribuer aux sensations de mouvement une origine centrale, c’est que dans les contractions maximum des muscles du corps, il se produit aussi des contractions des muscles de la face, des tensions du cuir chevelu (cf. plus haut).

L’auteur passe ensuite en revue certains points que sa théorie seule lui paraît expliquer : 1o la présence dans la sensation d’innervation de sensations tactiles que nul n’oserait rattacher à une origine centrale ; 2o l’impossibilité d’un mouvement absolu de tout notre corps opéré par nous-mêmes, mouvement que cependant nous pouvons vouloir ; 3o l’impossibilité de vouloir ce qu’on n’a pas déjà fait ; 4o le peu d’intensité du sentiment qui accompagne la sensation d’innervation et qui fait songer au peu d’intensité des souvenirs ; 5o l’absence de sensation de mouvement et également de sensation d’innervation lors des mouvements des muscles lisses ; 6o la représentation du but à atteindre avant qu’il soit atteint fournit un nouvel argument, fondé sur l’analogie, en faveur de la thèse que la sensation d’innervation n’est elle-même qu’une représentation du mouvement à effectuer.

III. — L’auteur se propose finalement de donner une hypothèse qui relie le côté physique et le côté psychique de la volonté. Le problème qu’il se pose est le suivant : Quelles excitations du système nerveux central doivent se produire pour que les sensations qui surgiront à cette occasion intérieurement se combinent en une action volontaire psychique ? (112) Sa thèse postulant des excitations cérébrales spéciales pour chaque action volontaire spéciale, il montre comment ce postulat est appuyé par les recherches nombreuses faites dans ces derniers temps sur les localisations cérébrales. Il remarque le manque de psychologie existant chez la plupart des physiologistes ou cliniciens qui se sont occupés de ces questions ; c’est ce qui a conduit à cette conception populaire des centres moteurs qui fait d’eux le siège physique de la volonté. Dans les recherches des physiologistes et cliniciens, la question de savoir pourquoi tel centre et non tel autre entre en activité reste sans réponse (117). En outre, ils font de la volonté quelque chose de spécifique, tandis qu’elle n’est qu’un complexus de sensations, par conséquent liée aux centres sensoriels (119). L’auteur fait une critique spéciale des doctrines de Goltz, Munk, Schiff, Meynert. À Goltz, l’adversaire le plus éminent de la théorie des localisations précises, il reproche de tendre, en admettant d’une part que l’intelligence