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ANALYSES.munsterberg. Die Willenshandlung.

qui lui paraît compliquer le problème. Il compare les cas où une idée naît dans l’esprit passivement, sans être accompagnée d’un sentiment d’activité interne, avec ceux (souvenir qu’on cherche à se rappeler, perception attentive, etc.) où au contraire ce sentiment existe. De cette comparaison il conclut déjà que ce qui paraît caractériser le sentiment d’activité interne, c’est que « dans tous les cas de mouvement volontaire des idées, le moment de la conscience claire de l’idée A a été précédé d’un autre état de conscience qui, quant au contenu, renfermait déjà l’idée A ; au contraire, dans les cas de changement involontaire, A n’est précédé de rien qui le contienne déjà » (67).

L’auteur fait intervenir ensuite les sensations de nos organes qui accompagnent la volition intérieure. Non seulement quand nous mouvons réellement l’œil, mais encore quand nous songeons vivement à un souvenir visuel, il y a dans l’œil des sensations très nettes d’innervation. Il s’en produit encore ailleurs que dans les organes des sens, ainsi autour du crâne ; il y a notamment le froncement des sourcils ; les bras et les jambes eux-mêmes semblent parfois se tendre. Ces sensations d’innervation accompagnent toute activité volontaire interne consciente. Ce sont elles qui constituent surtout le sentiment d’activité interne, et l’intensité de l’effort volontaire est l’expression immédiate de l’intensité de l’innervation. C’est là, dans l’innervation, qu’il faut donc étudier ce qu’il y a de spécifique dans la volonté.

Si on décompose un mouvement volontaire, on sent immédiatement avant chaque mouvement une impulsion spécifique ; si on paralyse par compression les nerfs du muscle à mouvoir, on sent plus vivement encore cette impulsion, quoique le mouvement n’ait plus lieu ; si, sans paralyser le nerf, on rend simplement le mouvement impossible, par exemple, si, en fléchissant autant que possible les deux premières phalanges de l’index et avec force et dorsalement les autres doigts, on ne peut plus fléchir la troisième phalange de l’index, on constate encore, en essayant le mouvement, une impulsion volontaire si intense qu’en fermant les yeux on a une tendance à croire qu’on l’a effectué (75). En quoi consiste cette sensation d’innervation commune ici aux trois cas ? Simplement, comme tout à l’heure, en un souvenir du mouvement précédant le mouvement lui-même. La sensation d’innervation n’est donc qu’un souvenir de la sensation de mouvement.

L’auteur est amené ainsi à parler des sensations de mouvement qui pour lui sont purement centripètes. Le fait même qu’on distingue si on élève un fardeau 1 à une hauteur 5 ou au contraire un fardeau 5 à une hauteur 1, fait qui a servi de point de départ à la théorie d’une distinction entre la sensation de l’étendue du mouvement (centripète) et la sensation de la force employée (centrale), lui paraît au contraire prouver l’origine périphérique de toute sensation de mouvement. « Si cette distinction n’était pas possible, si, à travail égal, à produit égal de la hauteur par le poids, nous avions toujours la même sensation, nous devrions alors songer à une origine centrale, car deux complexus