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I. — L’action volontaire, considérée du dehors, est une contraction musculaire, c’est-à-dire un déplacement de certaines parties matérielles. De là le droit qu’ont les sciences naturelles de l’étudier comme si elle n’était rien autre chose qu’un processus matériel, physico-chimique. L’auteur résume les recherches faites en ce sens, et concernant : les rapports anatomiques entre les nerfs et les muscles, les conductions motrices dans la moelle épinière et le cerveau, la nature des phénomènes qui se produisent dans les muscles et les nerfs pendant la contraction musculaire. Toute action, même l’action volontaire, n’est physiologiquement, selon l’auteur, qu’une action réflexe. Il rattache la finalité qu’on remarque dans les actions à des phénomènes d’adaptation. Il fait remarquer contre l’objection qu’on ne saurait expliquer mécaniquement la complexité des actions humaines et de leurs fins, que nous trouvons dans l’appareil nutritif une sélection, une finalité, bref un ensemble d’actes également très compliqués, sans que pourtant personne ose émettre l’hypothèse d’une âme intestinale, douée de choix et de connaissances chimiques (p. 26). Une autre objection peut être la suivante : que l’adaptation ainsi supposée implique que les modifications acquises étaient avantageuses à celui qui les acquérait ou à ses descendants, or que tel n’est pas toujours le cas. L’auteur montre avec détail que tel a été effectivement le cas. Tout cela rappelle les idées de Darwin et surtout de Spencer. C’est une exposition mécaniste et systématique de toutes les adaptations de plus en plus compliquées qui ont eu lieu depuis les formes les plus inférieures de la vie jusqu’au savoir et au pouvoir de l’homme (développement individuel, vie en société et ce qu’elle a produit : famille, économie politique, État, moralité, etc.). Ces déductions malheureusement sont presque entièrement à priori.

II. — Le second chapitre, qui traite de l’action volontaire au point de vue psychologique, est sans contredit le meilleur de l’ouvrage et le plus original. La question que l’auteur se pose est la suivante : En quoi consiste psychologiquement le phénomène que nous appelons volonté (p. 60) ? Partant de ce fait que la psychologie moderne résout tous les phénomènes psychologiques en sensations, il considère comme une conclusion nécessaire « que la volonté elle-même n’est qu’un complexus de sensations » (62).

Ce qui d’abord caractérise ces sensations, c’est le sentiment d’activité interne qui les accompagne. À première vue il semble, il est vrai, que l’action volontaire implique aussi nécessairement la lutte des motifs ; cependant la réflexion intérieure nous apprend bientôt que nous ne sentons pas moins une action comme volontaire, quoique la détermination en soit univoque. Cette activité interne ou spontanéité ne s’exerce pas seulement par rapport à nos actes, elle s’exerce encore par rapport à nos pensées, et précisément dans l’examen et le choix qui ont lieu lors des volitions ambiguës. L’auteur l’étudie d’abord dans ce domaine, en laissant de côté provisoirement l’action corporelle