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ment reconnues. Admettre des centres spéciaux pour l’inhibition est une supposition en désaccord avec les faits et les expériences ; car s’ils existaient, comme ils doivent être nombreux, il est impossible que l’expérimentation, les accidents, les maladies n’aient pas produit quelquefois leur destruction et établi leur fonction spéciale.

II. — La partie psychologique de l’étude des fonctions du système nerveux » ne comprend que deux chapitres, intitulés : la conduite, le mécanisme nerveux de la conduite. S’inspirant de la théorie spencérienne, M. Mercier met le critérium du psychologique (en tant qu’il se distingue du physiologique) dans « l’ajustement de l’organisme comme tout à son milieu ». C’est cette considération du milieu, ce nouveau facteur, qui établit une différenciation. Il s’est proposé de traiter ce sujet d’une manière autant que possible objective et sans recourir à l’observation intérieure. Exposer une psychologie sans rien emprunter aux données de l’introspection serait une tentative contradictoire, chimérique. Tout ce qu’on peut dire en faveur de la thèse de l’auteur, c’est qu’il en use peu. D’après lui, « lorsque nous considérons dans la conduite les facteurs qui nous conduisent à la considérer comme plus ou moins intelligente, nous trouvons quatre critériums différents pour l’estimer : 1o la nouveauté dans l’ajustement (Newton) ; 2o la complexité dans l’ajustement (un bon pianiste) ; 3o la précision dans l’ajustement (un dessinateur) ; 4o la conservation par l’ajustement (ceux qui réussissent bien dans la vie par leur habileté). — Quant au mécanisme nerveux de la conduite, il est réductible à cette loi « strictement physiologique » que les actes profitables tendent à se répéter et que les actes qui n’atteignent pas le but (unsuccessful) tendent à être supprimés.

III. — La troisième partie traite de la pensée et des sentiments. « La pensée est un rapport entre des états de conscience, et un rapport entre des états de conscience ne peut s’établir que lorsqu’ils sont à proximité, lorsqu’ils se présentent sous la forme d’une succession rapide. » Une pensée (une perception, une conception) a pour substratum physiologique le passage d’un courant à travers la substance fondamentale et le réarrangement des molécules sur son passage. Tout rapport entre des états de conscience (c’est-à-dire une pensée) consiste dans l’établissement d’un nouveau rapport ou dans la réviviscence d’un ancien rapport. Dans le premier cas, le processus est un raisonnement et les résultats sont appelés des jugements. Dans le second cas, si les deux termes sont complètement représentés, c’est la mémoire ; si les éléments présentés sont contenus dans l’autre des deux termes, c’est la perception.

Quoique les quatre chapitres consacrés à la classification des sentiments constituent une partie très importante de l’ouvrage, nous n’en dirons rien, parce que, ayant paru dans le Mind, ils ont été analysés antérieurement (voir t.  XIX, p. 346). Nous ferons remarquer seulement que, quelques critiques qu’on ait adressées à cette partie de l’ouvrage (et elles n’ont pas manqué), on doit reconnaître qu’il n’a paru encore aucun