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Résurrection et des faits de l’histoire évangélique, « c’est la nécessité, la haute valeur morale des idées que ces faits représentent ». La vie en Dieu naissant du besoin de Dieu, telle est la religion ; hors de là il n’y a place que pour la superstition et l’indifférence. L’enseignement religieux doit donc ne s’adresser qu’à la conscience ; la théologie ne possède aucune méthode certaine pour déterminer l’objet historique de sa foi. Peu importe en somme la doctrine, pourvu qu’elle satisfasse aux exigences de la conscience : ce qu’il faut par-dessus toutes choses, c’est que l’enseignement soit sincère et que le culte que l’on rend à Dieu soit un culte en esprit et en vérité.

Telles sont les principales idées que M. Sécrétan expose dans ce livre. Je ne les critiquerai pas ; j’ai dit, à propos du Principe de la morale, quelles objections elles soulevaient à mes yeux ; mais ce qui fait la grande valeur de cette œuvre nouvelle, c’est qu’elle est une des études les plus profondes et les plus vivantes qui aient jamais été faites d’une âme de chrétien. Je connais peu de livres qui peignent mieux l’état d’esprit d’un protestant, nourri à la fois de l’Évangile et de la philosophie kantienne, touché jusqu’au fond du cœur d’une si profonde piété qu’il pleure presque d’amour pour son Dieu, et qui jamais cependant ne cesse de raisonner ses croyances, croyances qui sont sa raison de vivre et le principe même de sa vie. Il faut remarquer surtout le caractère moral et actif du mysticisme de M. Sécrétan : aimer Dieu, c’est soulager ses frères, c’est lutter pour faire son devoir. Je ne sais pas d’homme qui ait eu une intuition plus directe et plus profonde de la vie religieuse ; aussi son livre est-il de ceux que l’on ne saurait guère lire sans être attiré vers l’auteur par cette irrésistible sympathie que commandent tous les sentiments forts.

L. Marillier.

Ch. Mercier. The nervous system and the mind : a treatise of the dynamics of the human organism (Le système nerveux et l’esprit, etc.), in-8o, London, Macmillan, 374 p..

On n’est plus au temps où il était nécessaire de démontrer aux médecins que l’étude de la physiologie est indispensable à la pratique de leur art ; mais « il y a une branche de la médecine qui, à cet égard, est restée absolument stationnaire et où l’on considère que la connaissance de l’état normal, loin d’être un préliminaire indispensable, est parfaitement inutile » : c’est la médecine mentale. À la vérité, cette manière d’agir est partiellement imputable aux psychologues qui, par l’abus de la méthode introspective, ont trop longtemps établi une séparation entre leurs études et la neurologie : Stuart Mill lui-même a exercé une influence fâcheuse en ce sens. Notre auteur s’est proposé de composer une sorte de psychologie générale qui puisse servir de base aux