Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXVI, 1888.djvu/344

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
334
revue philosophique

ment intuitif, qui verrait les choses en soi. Un tel entendement n’aurait pas besoin qu’une matière lui fût donnée ; il produirait immédiatement ses propres objets ; pour lui le savoir et le croire, le vouloir et le devoir, le mécanisme et la finalité se confondraient. Parler ainsi, n’est-ce pas là en définitive avoir une certaine idée de cette raison absolue ? Une critique qui sait si bien ce qui nous manque n’est-elle donc pas rattachée par quelque lien à ce principe supra-sensible dont elle sent si énergiquement le besoin ? C’est par là, c’est par cet élément divin qui est en elle que la pensée se sent inviolable et sacrée. C’est pourquoi elle n’a rien à craindre de la liberté, qui ne peut que la ramener à la croyance quand elle s’en sert comme il faut.

Paul Janet,
De l’Institut.