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notices bibliographiques

montrer qu’on peut et qu’on doit dégager la morale du conflit des systèmes (p. 55) et que la conciliation des opinions adverses est possible. L’épigraphe même qu’il tire du passage de Sophocle sur les « lois éternelles non écrites le donne à penser. Opinion très soutenable assurément, pourvu que d’une part on pose nettement les questions, que d’autre part on détermine avec précision le point de vue auquel on se place, soit pour les trancher par une conciliation, soit même pour les écarter. M. Fechtner a-t-il rempli l’une ou l’autre condition ?

Ces réserves, portant principalement sur les questions de forme, ne doivent pas nous faire oublier la légitimité des réclamations de M. Fechtner, l’excellence de ses intentions ni la justesse de ses vues générales. Quand il demande un enseignement formel plutôt qu’encyclopédique, approfondi plutôt que dispersé sur une foule de matières parcourues en trop peu de temps et qu’alors il faut sans cesse reprendre, il se rencontre avec les meilleurs pédagogues et ses protestations sont celles que nous entendons s’élever si souvent chez nous depuis quelques années[1]. Nous nous sommes souvenu également des propositions de M. Fouillée en faveur d’un enseignement philosophique plus étendu, en lisant les quelques pages finales dans lesquelles M. Fechtner justifie l’étude de la philosophie dans les gymnases contre les attaques de « l’américanisme moderne ». La pédagogie de M. Fechtner est en définitive très saine et très élevée. Mais nous ne pouvons louer la pensée de M. Fechtner sans nous demander pourquoi il semble toujours craindre de penser par lui-même et pourquoi il éprouve toujours le besoin de se couvrir d’une autorité. Son opuscule présente une telle profusion de citations que le lecteur en éprouve une véritable gêne, étant forcé de traverser un amas de textes étrangers pour arriver à son auteur. Voltaire est cité près de saint Augustin, Stuart Mill coudoie saint Paul, le pape donne la main à Cavour. M. Fechtner est vraiment trop modeste : il serait capable de nous intéresser pour son propre compte, et nous pourrions conclure, suivant le principe qu’il proclame lui-même, que toute cette érudition nuit à la pensée au lieu de nous éclairer : Πολυμαθίη νόον οὐ διδάσκει.

G. Belot.

Dr Gustav Glogau. — Abriss der philosophischen Grund-Wissenschaften (Abrégé des sciences philosophiques fondamentales). T. II, etc. Breslau, Koebner, 1888, XII-477 p. in-8o.

Le tome premier de cet ouvrage avait pour sous-titre : La forme et les lois du mouvement de l’esprit. Le tome second a pour sous-titre : L’essence et les formes fondamentales de l’esprit conscient, — et il comprend deux parties qui sont affectées, l’une à la théorie de la connaissance, l’autre à la doctrine des idées.

  1. V. en particulier l’ouvrage récent et distingué de M. Maneuvrier : l’Éducation de la bourgeoisie sous la République.