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rent ; il ne l’a pas voulu non plus, il a jugé que les erreurs d’un tel penseur pouvaient être aussi instructives que les vérités d’une tête médiocre, et il a laissé à Schopenhauer ses défauts et ses étrangetés, sans les souligner d’ailleurs, en laissant la charge à ceux à qui il conviendrait de le faire.

Ce compendium est bien fait, et il pourra guider dans la lecture de l’œuvre originale, sinon quelquefois y suppléer.

L. A.

Dr Ed. Fechtner. Die Praktische Philosophie und ihre Bedeutung für die Rechtsstudien, ein Beitrag zur Reform unserer Universitäten (La philosophie pratique, son importance pour les études de droit : contribution à la réforme de nos universités). 87 p. in-8o. Vienne, Hölder, 1888.

Ce n’est pas seulement en France que l’on se plaint de la surcharge des programmes et que les pédagogues protestent contre la tendance à enseigner beaucoup de choses plutôt que l’art même de penser, à transformer l’enseignement formel en un enseignement matériel, la culture libérale et philosophique en une culture utilitaire et professionnelle. M. Ed. Fechtner, en nous parlant de l’enseignement du droit dans les universités de son pays, abonde dans ce sens ; il prend énergiquement la défense de l’instruction générale contre l’abus de ces spécialisations, contre la préoccupation exclusive du gagne-pain (Brot und Butter Studium) ou du succès aux examens. La nécessité de donner à l’enseignement et en particulier à celui du droit un caractère et une base philosophique, voilà l’idée dominante de la brochure de M. Fechtner. Πολυμαθίη νόον οὐ διδάσκει, tel est le mot par lequel il conclut. Puisque l’auteur abordait cette question, on serait assez curieux de savoir comment il met d’accord cette formule avec cette autre qu’il emprunte à une citation de Lessing : « Celui qui n’est pas quelque chose en tout, n’est rien dans une spécialité. » Nous tenons les deux principes, comme M. Fecthner, pour également justes l’un et l’autre. Mais leur conciliation est délicate. Le premier ne condamne-t-il pas la multiplicité des connaissances que le second semble exiger ? Si l’on veut rendre la culture générale et élevée, ne court-on pas le risque de lui donner ce caractère encyclopédique que nombre d’éminents critiques, par exemple, croient remarquer et qu’ils blâment dans nos programmes ? La solution théorique du problème ne serait peut-être pas bien embarrassante et se trouverait sans doute dans la distinction de l’utilité matérielle et de l’utilité formelle des connaissances ; mais il faut croire que la solution pratique est loin d’être aisée, puisqu’un peu partout on paraît la poursuivre sans grand succès, et qu’on tombe si facilement d’un des excès dans l’autre.

Nous ne pouvons guère reprocher à l’auteur de ne pas s’être étendu sur ces questions ; elles dépassaient de beaucoup son sujet spécial. Mais alors peut-être a-t-il tort de les soulever trop explicitement, ainsi que